30
mar
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marioupol, Ukraine
Dimitri MINIC, cité par Louis Boy pour France Info

De la Syrie à l'Ukraine, les similitudes des guerres menées par la Russie

Le siège de la ville de Marioupol rappelle celui d'Alep. Dans les deux pays, l'armée russe déploie une stratégie parfois comparable.
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Depuis une colline près d'Idlib, un camp de réfugiés au Liban ou une manifestation à Paris, de nombreux Syriens ont fait part de leur émotion et apporté leur soutien aux Ukrainiens, alors que l'armée russe poursuit depuis plus d'un mois son offensive en Ukraine. Dans les images de villes bombardées et de civils touchés, ils disent voir un écho de ce qu'ils ont subi quand Vladimir Poutine est intervenu en Syrie pour aider Bachar Al-Assad à vaincre les rebelles, à partir de 2015. Franceinfo a interrogé des experts sur ces similitudes, qui permettent de mieux comprendre les méthodes russes employées en Ukraine.

Des sièges selon le même mode opératoire

Pour Dimitri Minic, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), la façon dont la Russie asphyxie Marioupol, en particulier, est l'illustration "d'une brutalité classique dans l'histoire militaire russe, que l'on avait vue à Alep comme à Grozny", la capitale de la Tchétchénie, assiégée et bombardée à deux reprises dans les années 1990.

Comme lui, tous les experts interrogés par franceinfo réservent les comparaisons avec la Syrie à ce port du sud-est de l'Ukraine, stratégique car situé dans un couloir permettant de relier la Crimée aux républiques séparatistes prorusses du Donbass.

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Des décisions faisant fi des civils 

Tuer des civils n'est pas le but en soi des troupes de Vladimir Poutine, estime cependant Dimitri Minic, spécialiste de la pensée stratégique russe, mais une conséquence jugée secondaire par rapport à l'objectif visé. 

"S'ils ont pour cible une infrastructure militaire, et qu'un immeuble résidentiel se trouve dans l'axe de la frappe, ils sont susceptibles de juger la cible trop importante et d'ignorer la présence du bâtiment civil", expose l'expert. 

D'autant que l'armée russe utilise peu d'armes de précision et qu'elle doit se reposer davantage sur son artillerie et moins sur son aviation qu'en Syrie, car "la météo et le terrain sont moins favorables", et les défenses antiaériennes ukrainiennes "plus coriaces que prévu".

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Des différences que Poutine n'a pas anticipées 

L'attitude de la communauté internationale change aussi la donne. En Ukraine, l'armée russe s'attaque à un Etat souverain, dirigé par un président élu démocratiquement, voisin de l'Otan et de l'Union européenne. Ces organisations ont immédiatement réagi et partagé des armes et des renseignements militaires avec les Ukrainiens. 

En Syrie, la présence de groupes terroristes qui combattaient Bachar Al-Assad a permis à la Russie d'intervenir avec "une forme d'assentiment des puissances occidentales", moins regardantes sur ses méthodes, ajoute Dimitri Minic. 

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