12
jan
2024
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc JULIENNE, entretien avec Michel Oriot pour Ouest France

Élections à Taïwan. La Chine qui attaque le petit état ? « Il faut prendre cela très au sérieux »

Les clivages évoluent entre le parti démocrate (DPP) qui ne parle plus d’indépendance, et le parti historique dit prochinois, le KMT, qui ne parle plus de réunification. Un troisième parti, le TPP, s’interpose. Marc Julienne, chercheur spécialiste de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri) analyse la situation politique à Taïwan, à la veille des élections présidentielle et législatives de samedi 13 janvier 2024.

logo_ouestfrance.jpg

Interview avec Marc Julienne, chercheur spécialiste de la Chine à l’Ifri (Institut français des relations internationales), présent à Taïwan, où il a assisté au dernier meeting du DPP, le Parti démocrate progressiste ou Parti du peuple qui avance.

Un nouveau paysage politique se dessine à Taïwan pour ces élections cruciales, la présidentielle avec trois candidats, et les législatives (pour 113 sièges) qui rompt avec le bipartisme classique.

Cela devient passionnant. Dans le camp présidentiel, il y a une reconfiguration en profondeur du paysage politique depuis le début de la jeune démocratie en 1996 (la première élection du président au suffrage universel direct, N.D.L.R.). Les élections étaient un duel entre le parti historique le KMT, fondé en 1912 en Chine continentale, et le parti dit indépendantiste, le DPP.

Avec la présence, cette fois, d’un troisième candidat d’un parti récent, Ko Wen-je…

C’est un parti outsider, le TPP (Parti populaire taïwanais, N.D.L.R), dirigé par Ko Wen, qui est un parti central sur l’échiquier politique taïwanais. Il existe depuis 2019, juste avant la précédente élection présidentielle et il a seulement cinq députés au parlement. Il y a 5 ans, il n’existait pas et il est, cette fois, en discussion au plus haut niveau avec le KMT pour négocier une éventuelle coalition (l’interview a été réalisée en novembre ; depuis, les négociations ont échoué, N.D.L.R.). C’est un bouleversement du côté droit, le pan conservateur, avec le KMT.

Le parti démocrate, majoritaire, le restera-t-il ?

Les chances du DPP sont très élevées. Il suffit de regarder les sondages, à la louche autour de 35 % ou au-delà. Le candidat Lai est le premier dans les sondages depuis des mois. Il a baissé un peu ces derniers temps avec certains scandales. La victoire n’est pas aussi évidente que la dernière fois, en 2020, avec un record en nombre de voix réunies.

Dans un contexte très favorable pour la présidente sortante Tsai Ing-we, après les émeutes des pro démocrates réprimées par la Chine à Hong Kong…

Tsai Ing-wen jouit aujourd’hui d’une bonne image. Son bilan est globalement positif, surtout au niveau international, avec une politique sans faute sur la scène internationale. Dans un environnement qui se tend entre la Chine et les USA, elle ne s’est pas laissée aller à répondre à certaines provocations et elle est restée au-dessus de la mêlée.

[...]

>> Retrouver l'interview en intégralité sur le site de Ouest France

Mots-clés
élections taïwanaises Chine Taïwan