28
aoû
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Thierry VIRCOULON, cité par Enzo Guerini dans Le Parisien

Niger : cinq minutes pour comprendre le bras de fer entre la France et les putschistes

Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), au pouvoir au Niger depuis son coup d’État le 26 juillet dernier, a donné vendredi 48 heures à l’ambassadeur de France pour quitter le pays. Le point de non-retour est tout proche.

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Plus d’un mois après un coup d’État au Niger, qui a propulsé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, les relations entre Niamey et Paris ne cessent de se détériorer. Vendredi, les putschistes ont donné 48 heures à l’ambassadeur de France au Niger pour quitter le pays. Un ultimatum qui traduit une volonté claire de ne plus avoir le moindre lien diplomatique avec Paris, selon les experts. Le Parisien fait le point sur une situation très tendue.

Que s’est-il passé ?

Vendredi, le CNSP a décidé d’expulser l’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, pour avoir snobé une « invitation » du ministère nigérien des Affaires étrangères mais aussi pour « d’autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger ». Sylvain Itté a jusqu’à ce dimanche soir pour quitter le pays. Samedi, 20 000 Nigériens se sont retrouvés à Niamey pour soutenir le régime militaire issu d’un coup d’État et cette décision prise la veille. Même chose ce dimanche : des milliers de personnes ont manifesté à proximité de la base militaire française à Niamey.

Que signifie une telle décision ?

« Cette décision prouve que le Niger ne veut plus aucune relation diplomatique avec Paris », affirme au Parisien Thierry Vircoulon, coordinateur de l’Observatoire sur l’Afrique centrale et australe à l’institut français des relations internationales (IFRI). « Elles sont en train d’être déconstruites et vont s’arrêter. Les putschistes s’inspirent de ce qu’il s’est passé dans d’autres pays du Sahel, au Mali et au Burkina Faso, où il n’y a plus d’ambassadeur de France », explique-t-il.

Quelle a été la réaction de la France ?

Face à cette annonce du pouvoir en place, Paris a fait savoir que « les putschistes n’ont pas autorité pour faire cette demande, l’agrément de l’ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues », à savoir celles du président Mohamed Bazoum, qui n’a toujours pas démissionné de son poste. En d’autres termes, la France demande à son ambassadeur de rester sur place.

Que va faire l’ambassadeur ?

« L’ambassadeur va rester, Paris lui en a donné l’ordre », avance Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, au Congo Brazzaville et au Sénégal et auteur du livre « Le grand livre de l’Afrique ».

« Sur le plus long terme, Sylvain Itté va quitter le pays », parie-t-il. « Mais pour ça il faut que la situation politique se dénoue puisqu’il y a actuellement un président légal qui n’a pas démissionné mais qui est emprisonné, et un président de fait, le putschiste ».

[...]

En plus de l’ambassadeur, le CNSP veut le départ des 1 500 militaires français présents sur le territoire nigérien. « On n’y est pas », affirme Thierry Vircoulon. Preuve qu’une issue favorable à toutes les parties semble encore bien lointaine.

> Lire l'article sur le site du Parisien

 

Mots-clés
politique étrangère française putsch Niger