En Transnistrie, Moscou agite la menace d’un nouveau front
Jeux de déstabilisation ou prémices d’un nouveau front ? L’actuelle situation en Transnistrie, petite bande de terre séparatiste prorusse de la Moldavie, suscite les craintes d’un débordement par l’ouest de la guerre en Ukraine. Bien qu’établies au compte-goutte, les informations en provenance de cette région de 450 000 habitants semblent dessiner une sérieuse escalade des tensions depuis le 25 avril. Tirs d’artillerie sur le ministère de la Sécurité de Tiraspol (le chef-lieu du territoire), déflagrations entendues autour d’un aérodrome militaire à proximité, tour radio endommagée par des explosions à Mayac, dépôt d’armes de Cosbana survolé par des drones et visé par des coups de feu : en l’espace d’une semaine, la frontière occidentale de l’Ukraine est devenue une zone vulnérable scrutée de près, après un mois d’attention tournée presque exclusivement vers le Donbass et le sud du pays.
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Manoeuvres
Dans cette confusion générale, la piste d'une implication russe est tout de même privilégiée.
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Il y a dix jours, le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du district militaire du centre de la Russie, avait annoncé que la seconde phase de "l'opération spéciale" consisterait à s'emparer de tout l'arc sud de l'Ukraine, afin de relier le Donbass à la Transnistrie.
Des milliers de soldats transnistriens ont participé à des exercices militaires avec les 1 500 hommes des forces russes fin janvier, explique Dimitri Minic, chercheur au centre Russie/NEI de l'Institut français des relations internationales.
Ils ont effectué de nouveaux exercices et manoeuvres fin février, ce qui montre que ces forces situées en Transnistrie sont intégrées au système de dissuasion stratégique russe. La question estde savoir si l’objectif de Moscou dans cette région dépasse la tromperie militaire et la dissuasion.
«Nazisme»
II est peut-être question de préparer le terrain informationnel pour une future indépendance de la Transnistrie soutenue par Moscou. Si le Kremlin choisissait d’activer les forces transnistriennes, ce serait probablement dans l’optique de s’emparer de la région d’Odessa, ce qui, avec l’indépendance de Tiraspol, pourrait donner à Moscou un puissant levier de pression sur Chisinau.»
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«Aujourd’hui, compte tenu des difficultés rencontrées par l’armée russe dans le Donbass, le Kremlin espère probablement diviser et induire en erreur les Ukrainiens puis les pousser à redéployer des forces à sa frontière occidentale par crainte de la création d’un nouveau front, estime Dimitri Minic. C’est d’ailleurs peut-être un des derniers moyens pour la Russie de gagner du terrain.»
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