Russia’s Ideological Construction in the Context of the War in Ukraine
Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine le 24 février 2022, le gouvernement russe s’est activé dans le domaine idéologique pour faire accepter la guerre à la société russe dans la durée. Contrairement aux affirmations de nombreux observateurs occidentaux, cet article soutient que le régime russe a une idéologie, qui se traduit par un projet politique relativement cohérent pour la Russie et par la volonté de construire un nouvel ordre mondial.
Cette idéologie est basée sur un ensemble de croyances qui ont évolué au fil des ans tout en restant fidèles à des principes fondamentaux. Cependant, elle s’appuie sur un fonds doctrinal éclectique et des répertoires multiples (parfois contradictoires), tandis que son contenu évolue en fonction des situations.
Avec la guerre, les partisans de l’officialisation d’une idéologie d’État – tous issus de la partie belliciste de l’establishment – ont pris de l’importance : l’Administration présidentielle reproduit désormais le discours et les tropismes présents depuis longtemps dans les structures de force, et qui sont devenus la doxa officielle. Pourtant, alors que de nouvelles méthodes d’endoctrinement et de nouveaux manuels scolaires sont introduits dans le système scolaire, le Kremlin n’a pas encore recréé un monolithe idéologique de style soviétique : même dans un contexte de guerre, il semble hésiter à s’engager dans la voie du dogmatisme radical, préférant une conception utilitaire et technocratique de l’idéologie.
Après avoir brièvement défini ce que l’idéologie signifie pour le régime de Vladimir Poutine, cet article explore comment l’ensemble principal de croyances, de récits stratégiques et de doctrines s’est stabilisé et a acquis une cohérence interne accrue, avant d'analyser l’accueil de cette idéologie officielle par la société.
Marlène Laruelle est professeure et directrice de l’Institut pour les études européennes, russes et eurasiennes (IERES) à l’université George Washington (Washington D.C.). À l’IERES, elle est également directrice du Russia Program et de l’Illiberalism Studies Program, et codirectrice du programme PONARS-Eurasia. Depuis janvier 2019, elle est chercheuse associée au Centre Russie/Eurasie de l'Ifri (anciennement Centre Russie/NEI).
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