De Fleuron à casse-tête, le destin contrarié du char Leclerc
Un rapport de l’Ifri souligne la nécessité pour la France de trouver un « char intermédiaire » avant l’arrivée hypothétique du MGCS, au mieux en 2045.
Dans les années 1990, la France s’enorgueillissait de développer deux armements ultramodernes pour ses armées de l’air et de terre : l’avion de combat Rafale et le char Leclerc. Cette dernière décennie, le premier a vu sa cote exploser, jusqu’à connaître un succès important (même si tardif) à l’export, puisque les carnets de commande de son constructeur, Dassault, sont pleins pour cinq ans. Et cela devrait continuer, puisque Paris et Kiev ont signé le 17 novembre une lettre d’intention pour l’acquisition par l’Ukraine d’une centaine de chasseurs.
Le second, présenté comme le meilleur char de sa génération – il peut tirer en roulant –, a connu un destin moins souriant. Seuls les Émirats arabes unis en ont acheté. En 2008, faute d’autres clients, le fabricant du Leclerc (GIAT, devenu Nexter puis KNDS France) a cessé d’en sortir et s’est résolu à en démonter la ligne de production.
Depuis, l’armée française se contente du parc actuel d’environ 200 chars Leclerc. Et pour les maintenir en état, il s’appuie sur deux centaines d’autres, stockés et cannibalisés jusqu’au moindre boulon, la filière de pièces détachées ayant été elle aussi délaissée. À présent, alors que la menace russe a poussé la plupart des forces européennes à réinvestir dans des « tanks » – pour la plupart en achetant allemand –, le casse-tête de l’équipement de l’armée française en chars, bien qu’ancien, est devenu encore plus criant.
C’est ce qui ressort du nouveau rapport détaillé, sur le sujet, de l’Institut française des relations internationales (Ifri), intitulé « Char de combat, obsolescence ou renaissance ? ». Certes, le Leclerc est en cours de modernisation, au nouveau standard XLR. Mais cela ne résout pas la question de certaines pièces manquantes, ni le problème posé par ses moteurs vieillissants. Il semble quasiment impossible que le parc actuel puisse tenir jusqu’à la mise en service hypothétique de son successeur désigné, le complexe MGCS, au mieux en… 2045. Encore qu’il ne soit pas certain que ce projet franco-allemand, pour des questions de mésententes industrielles, aboutisse. Or il parait inenvisageable, pour la France, « nation cadre » au sein de l’Otan, résolue à démontrer au reste du continent qu’elle est capable de diriger plusieurs divisions, pour certaines d’alliés, de ne pas disposer de bataillons de chars.
Dès lors, comment faire ? « Ne rien faire serait la pire des solutions, explique à l’Opinion l’auteur du rapport, Léo Péria-Peigné. Il faut donc en passer par l’acquisition d’une plateforme intermédiaire avant que n’arrivent les systèmes du futur encore à l’étude. » La solution immédiate serait d'acheter le best-seller du continent, le Leopard 2 allemand, très lourd (plus de 70 tonnes) et très cher, ou le K2 sud-coréen, comme l’a fait la Pologne, ou de développer un « char national », de poids moyen. « La France maîtrise toutes les briques technologiques nécessaires, à une seule exception, celle de la motorisation, à reconquérir, explique Léo Péria-Peigné. Il y a un chemin pour que KNDS France fasse un char bien équipé, pas trop cher (10-15 millions d’euros contre 25 pour un Leopard 2), mais il faut de la volonté politique. »
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