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Derrière le « plan de paix » de Trump, des investisseurs pressés de refaire des affaires sur le dos de l’Ukraine

Interventions médiatiques |

citée par Justine Brabant dans

  Mediapart 

 
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Le dernier « plan de paix » de Trump est l’œuvre d’un groupe de businessmen qui n’a pas attendu la fin de l’agression russe pour renouer des liens d’affaires avec la Russie. Il justifie désormais son cynisme en assurant que le commerce amènera la paix. L’un de ses représentants, Steve Witkoff, se trouvait mardi à Moscou pour négocier avec Poutine.

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Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe pour les investissements étrangers directs, au Forum économique international de Saint-Pétersbourg le 20 juin 2025.
Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe pour les investissements étrangers directs, au Forum économique international de Saint-Pétersbourg le 20 juin 2025.
Maksim Konstantinov - Shutterstock
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Le «plan Trump» en vingt-huit points pour l’Ukraine, dévoilé le 20 novembre, a surpris et choqué le monde. C’est en réalité l’aboutissement tragique et attendu de dix mois de tractations discrètes entre les businessmen dépêchés par Donald Trump et Vladimir Poutine pour réfléchir à un accord sur la fin de la guerre – l’ancien promoteur immobilier Steve Witkoff d’un côté, le banquier d’investissement Kirill Dmitriev de l’autre.

Les deux hommes sont au centre des tractations diplomatiques censées mettre fin à l’agression russe contre l’Ukraine : mardi 2 décembre encore, ils étaient les chevilles ouvrières d’une rencontre entre émissaires états-uniens et russes à Moscou. Il s’agissait de la sixième rencontre entre Steve Witkoff et Vladimir Poutine, que l’ancien promoteur qualifie d’«ami».

Mais depuis février 2025, leurs rencontres ont autant porté sur la situation en Ukraine que sur les belles opportunités que constituerait un retour des entreprises états-uniennes en Russie. C’est ce qu’indiquent des communications publiques, des témoignages d’officiels russes et états-uniens révélés dans la presse américaine, ainsi que des retranscriptions d’enregistrements téléphoniques ayant récemment fuité. Toujours selon ces sources, ces affairistes ont très largement tenu l’Ukraine et ses partenaires à l’écart de leurs discussions – donnant lieu, logiquement, à des «propositions de paix» déconnectées des demandes ukrainiennes, sans aucune considération pour les questions de justice et de droit international et n’ayant à peu près aucune chance d’aboutir, faute d’avoir cherché des moyens de pression suffisants pour que le Kremlin abandonne ses revendications maximalistes.

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La paix par le commerce, vraiment ?

Opportunisme indécent ? Cynisme crasse ? Non, pour Steve Witkoff, ces projets tous azimuts sont la garantie d’une paix durable : «Si nous faisons tout cela, que tout le monde prospère et y participe, et que chacun y trouve son compte, cela constituera naturellement un rempart contre de futurs conflits dans cette région», jure l’ancien promoteur immobilier.

Il y a tout lieu d’en douter. D’abord, parce que nul ne sait si l’exécutif russe est sérieux dans sa volonté d’approfondir ses liens économiques avec les États-Unis, ou s’il s’agit simplement de gagner du temps et les faveurs de Donald Trump.

« Les États-Unis ont une équipe de promoteurs immobiliers, qui réfléchit en termes de deal. Mettre en avant ces projets est une manière de parler leur langue et de transformer le sujet “Ukraine” en petit caillou qui empêcherait d’avancer dans d’autres grands projets conjoints », décrypte Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie-Eurasie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Dès la prise de fonctions du milliardaire, tous les ministères russes ont été invités à soumettre des idées de projets «conçus sur mesure pour Donald Trump», «réalisables en un seul mandat» et présentant un «fort attrait médiatique», détaille le Moscow Times.
L’envoyé spécial Kirill Dmitriev a parfaitement reçu le message. Ces derniers mois, il a lancé deux idées qui semblent conçues dans l’unique but d’attirer l’attention et de flatter l’ego du président états-unien : celle d’une mission spatiale conjointe Russie–États-Unis vers Mars, et la construction d’un tunnel qui relierait les deux pays en passant par la Sibérie et l’Alaska.

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Diviser le camp occidental

Pour Tatiana Kastouéva-Jean, le discours russe sur la coopération économique n’est toutefois pas une pure coquille vide. Il remplit une triple fonction : 

« C’est pour Moscou une « manière de ne pas perdre le soutien de Trump, de maintenir son attention », mais aussi un moyen de « tirer des avantages économiques » si certains projets venaient à se concrétiser, dans un contexte où l’économie russe souffre. C’est enfin la possibilité de « diviser le camp occidental » en agitant la concurrence entre entreprises états-uniennes et européennes dans l’hypothèse d’une réouverture du marché russe.

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> Lire l'article en entier sur le site de Mediapart.

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Justine Brabant

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri

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Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe pour les investissements étrangers directs, au Forum économique international de Saint-Pétersbourg le 20 juin 2025.
Maksim Konstantinov - Shutterstock