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La Russie en Afrique, une puissance économique en trompe-l’œil

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cité par Louise Margolin dans

  Jeune Afrique  

 
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À l’offensive sur les plans diplomatique et sécuritaire en Afrique, la Russie investit aussi l’économie pour asseoir son influence. Avec des résultats contrastés.

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Le président russe, Vladimir Poutine
Le président russe, Vladimir Poutine
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Les relations entre Moscou et l’Afrique ne datent toutefois pas d’hier. Pendant des décennies, l’Union soviétique a soutenu militairement des mouvements d’indépendance, accueillis des élites dans ses universités et construit des infrastructures sur le continent. L’effondrement du bloc soviétique en 1991 et le marasme économique qui a suivi mettent un coup d’arrêt à cette implication. En 2010, le pays s’est relevé. Il sort d’une décennie de croissance, permettant aux entreprises de suivre, voire, pour certaines, de devancer les ambitions du Kremlin.

Extractif et exportations

La Russie reprend alors pied en Afrique au travers des secteurs qu’elle maîtrise le plus : les hydrocarbures et les mines. Ces secteurs sont contrôlés par des entreprises d’État ou des oligarques proches du pouvoir. Lukoil investit dans des champs pétrogaziers au Ghana, au Cameroun, au Nigeria puis au Congo ; Rosneft signe dans le gaz mozambicain ; Rostec et Vi Holding entrent dans le platine au Zimbabwe… Tandis que ceux déjà présents en Afrique se renforcent, tel Alrosa qui a augmenté sa participation dans la mine de diamants angolaise de Catoca. 

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L’impact des sanctions

Ceci s’explique en partie par les sanctions à l’encontre de la Russie à la suite de son invasion de l’Ukraine. Dans son rapport « Les effets contradictoires des sanctions occidentales sur les relations économiques russo-africaines », Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales, explique que « les sanctions ont entravé l’expansion des investissements russes » dans l’extractif. « Privées des financements nécessaires à leur expansion, les compagnies extractives russes ont dû adopter des stratégies de repli ». Leurs partenaires ont parfois préféré se séparer d’elles, car « faire des affaires avec des entreprises russes est devenu à la fois plus compliqué et plus coûteux », ajoute-t-il dans son rapport. Alrosa a ainsi dû quitter le capital de la mine de Catoca, en Angola.

Cependant, les exportations se poursuivent. Malgré les besoins sur le front ukrainien, des armes sont encore envoyées en Afrique. Les hydrocarbures à bas coût affluent vers de plus en plus de pays. Moscou a également recours à une « diplomatie de la céréale » , fournissant du blé à prix compétitifs, et parfois gratuitement, pour prendre des parts de marché aux Occidentaux et aux Ukrainiens mais aussi renforcer son influence.

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Géant politique, nain économique

Malgré tout, la Russie reste un nain économique. En 2024, quand l’Afrique échangeait à hauteur de 24,5 milliards de dollars avec la Russie, le niveau était de 104,9 milliards avec les États-Unis, 295,56 milliards de dollars avec la Chine et, 355 milliards avec l’Union européenne.

« La Russie est un géant politique dépourvu de capacités économiques. Elle promet beaucoup, mais que peut-elle faire concrètement ? », s’interroge Ebenezer Obadare. Avec des finances limitées, encore plus du fait de la guerre en Ukraine, la Russie et ses entreprises ne peuvent pas toujours financer les projets annoncés. Sa présence économique tient beaucoup de l’affichage. Elle négocie et signe des accords pour « projeter l’image d’une grande puissance économique capable d’exporter son savoir-faire, d’en faire profiter les nations pauvres qui subissent le joug de « l’Occident collectif » , explique Thierry Vircoulon dans son rapport. De quoi, avant tout, servir sa stature géopolitique.

> Lire l'article dans son intégralité sur le site de Jeune Afrique.

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Louise Margolin

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Thierry Vircoulon

Thierry VIRCOULON

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Chercheur associé, Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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