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Le char est-il mort au combat en Ukraine ?

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cité par Clément Machecourt dans

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Vulnérable et plus coûteux que le drone, le tank est parfois jugé obsolète sur les champs de bataille. Une analyse de l'Ifri nuance la sentence. 

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Colonne des chars de combat allemands Leopard 2, Varsovie, août 2023
Colonne des chars de combat allemands Leopard 2, Varsovie, août 2023
Poppy Pix/Shutterstock
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Les chars occidentaux sont-ils en surpoids ?

Cette avalanche d'images montrant des chars détruits a pu donner une « impression de vulnérabilité ». Certains ont même annoncé la « mort du char ». Ce n'est pas nouveau, rappelle Léo Péria-Peigné, auteur de la note d'analyse « Char de combat : obsolescence ou renaissance ? » de l'Ifri.
L'arrivée des charges creuses dans les années 1950, puis des missiles antichars guidés dans les années 1960, et enfin l'âge d'or de la supériorité aérienne devaient définitivement enterrer le char. Pourtant, l'engin, aisément reconnaissable, « reste un élément indispensable du combat interarmes ».

Doctrine soviétique

Comment expliquer des pertes aussi importantes en Ukraine ? D'abord par l'importance qu'a le char dans la doctrine russe, héritée de l'époque soviétique. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les pointes blindées russes doivent percer le front puis l'exploiter en allant le plus loin possible derrière les lignes ennemies pour le couper de ses arrières.

L'armée russe a tenté de reproduire cette stratégie en 2022, mais avec moins de succès. Manque de formation des équipages, absence d'infanterie pour couvrir les abords, ravitaillement déficient et absence de couverture aérienne sont des facteurs qui expliquent cette contre-performance. De son côté, l'armée ukrainienne est plus « hybride », allant depuis 2014 de plus en plus vers une doctrine d'emploi otanisée.

Les soldats ukrainiens interrogés dans l'étude le soulignent : « la mine immobilise, l'artillerie détruit ». Si le char est obsolète face au drone, le fantassin l'est tout autant, rappelle un combattant ukrainien cité dans l'étude. Le char reste donc pertinent et utilisé par les deux belligérants. L'Ukraine a encore reçu 49  chars Abrams d'Australie en juillet 2025. Les modèles occidentaux sont appréciés pour leur espérance de vie plus grande que celle de leurs homologues soviétiques ou russes. En revanche, ils sont plus difficilement réparables, faute d'ateliers proches, de pièces de rechange et à cause des multiples modèles engagés.

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Le 17e régiment d'artillerie, laboratoire de la lutte anti-drone de l'armée française

Le revêtement de ses chars a été adapté sur les parties chaudes du blindé pour émettre moins d'émissions de chaleur. Les fumées d'échappement sont aussi mieux dispersées. Enfin, les assauts mécanisés, de retour depuis octobre 2025, sont généralement menés au lever ou au coucher du soleil afin de tromper les capteurs thermiques.

Il semble en revanche que la protection ait atteint un « plafond indépassable » avec le risque de voir des chars beaucoup trop lourds. « On ne peut pas rajouter encore une couche de blindage, ça deviendrait absurde. Il faut trouver d'autres moyens de protection, active ou passive, soit en gagnant en portée via le tir indirect, ou en faisant du char un porteur de munitions rôdeuses », explique Léo Péria-Peigné. Outre l'option de mettre la même épaisseur de blindage sur toutes les parties du char, des solutions comme des fumigènes multispectraux ou la protection active comme le Trophy seraient plus d'avenir.

Les chars pourraient être dotés de drone filaire, qui ferait office de « périscope », ou encore d'une motorisation hybride, nécessaire pour faire tourner de plus en plus de systèmes électroniques. « L'intérêt de la motorisation hybride, c'est que dans un char où de plus en plus de composants consomment de l'électricité, on n'a plus besoin de garder le moteur allumé pour maintenir un flux énergétique. »

L'armée de terre manque de chars disponibles

La note d'analyse, outre les enseignements de l'Ukraine, revient sur le parc européen, passé de 30 000 chars à son apogée à la fin des années 1980 à moins de 5 000 à la fin des années 2010.

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Pour produire un char 100 % français, moderne et de transition, il faudrait au moins une dizaine d'années. Léo Péria-Peigné résume la gravité de la situation : « On a prélevé la dernière turbomachine, une pièce indispensable au moteur, sur le Leclerc qui est au musée des blindés de Saumur, tellement on n'en a plus. L'arme blindée est dans une crise très grave de disponibilité et même de survie à moyen terme. »

> Lire l'article dans son intégralité sur le site du Point

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Découvrir la nouvelle étude de Léo Péria-Peigné : « Char de combat : obsolescence ou renaissance ? »
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Clément Machecourt

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Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri

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Colonne des chars de combat allemands Leopard 2, Varsovie, août 2023
Poppy Pix/Shutterstock