L’UE peut-elle sanctionner la Chine, comme le demande Donald Trump ?
Donald Trump souhaiterait que ses alliés sanctionnent la Chine pour affaiblir la Russie, en augmentant leurs droits de douane. Les Européens ne sont jamais allés aussi loin.

Un sujet qui s’est invité plusieurs fois cette semaine à la table des discussions. Avant qu’il ne prenne des mesures punitives contre Moscou, Donald Trump a demandé aux Pays de l'Otan d'arrêter d'acheter du pétrole russe à ses alliés. Le président américain a aussi suggéré à ses alliés, dont l’Union européenne, de sanctionner la Chine, avec des hausses substantielles de droits de douane, de 50 à 100 %.
Mais alors qu’un 19e paquet de sanctions de l'UE contre la Russie depuis le début de l’invasion de l'Ukraine en 2022 est en préparation, cette demande du chef d’État américain a laissé dubitatif les Européens. Si l’UE a drastiquement réduit ses importations d’hydrocarbures russes — passant de trois millions de barils par jour en 2021-2022 à 400 000 barils par jour en 2024 —, elle a aussi épinglé des dizaines d’entités chinoises pour leur participation à l’effort de guerre russe. Mais les Européens iront-ils plus loin ?
Selon un diplomate européen à l’AFP, d’autres sociétés ou entreprises chinoises seront à nouveau ciblées dans le prochain paquet de sanctions. Mais il est très peu probable que les Européens mettent en place des droits de douane demandés par Donald Trump.
« Tordre le bras des Européens »
Marc Julienne, directeur du centre Asie à l’Institut français des relations internationales (Ifri), décrit au Parisien une « forme d’inégrence » où Donald Trump veut « tordre le bras des Européens » afin qu’ils utilisent cette méthode pour faire pression sur la Russie.
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« Imposer des tarifs, c’est la méthode très personnelle de Donald Trump. Il n’y a que lui qui fait ce genre de choses. C’est l’alpha et l’oméga de sa politique économique et étrangère, mais c’est une pente glissante que l’Europe ne veut pas emprunter », analyse Marc Julienne, Directeur du Centre Asie de l'Ifri.

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« Ce serait un abandon de la souveraineté et de l’autonomie européenne »
Même si Marc Julienne dépeint « une relation qui manque de réciprocité » et un déséquilibre du commerce avec la Chine — qui exporte de plus en plus de produits et achète de moins en moins à l’Europe —, cela pourrait expliquer pourquoi l'Union européenne n’a pas intérêt à sanctionner la Chine. Mais pour le directeur du centre Asie à l’Ifri, il y a d’autres raisons qui montrent pourquoi l’UE ne devrait pas suivre la voie dans laquelle Donald Trump tente de les embarquer.
« D’abord, parce que c’est illégal », déclare-t-il. Et le spécialiste n’est d’ailleurs pas le premier à le dire. Fin août dernier, la guerre commerciale menée par Donald Trump avait subi un revers majeur, lorsqu’une cour d’appel fédérale américaine avait statué qu’une grande partie des droits de douane imposés par le président républicain étaient illégaux. Le chef d’État ne s’était pas démonté et alors fait savoir qu’il allait saisir la Cour Suprême, pour trancher le litige en dernière instance.
Ensuite, Marc Julienne maintient qu’il s’agirait d’une ingérence.
« Si l’Union européenne le fait, ce serait une décision souveraine de l’UE. Mais, déjà qu’elle est considérée en Chine par les autorités chinoises comme étant suiviste et soumise aux États-Unis, si on faisait ce que Donald Trump demandait de faire, ce serait un abandon de la souveraineté et de l’autonomie européenne en matière de politique étrangère », assure Marc Julienne, Directeur du Centre Asie de l'Ifri.
Les calculs ne seraient pas bons, en termes d’image aussi.
Des mesures de rétorsion chinoises en retour ?
En appliquant ce type de sanctions, l’ Union européenne pourrait se voir en retour infliger des mesures de rétorsion commerciales chinoises.
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« C’est là, où la situation s’envenime. À partir du moment où on déclare une guerre commerciale, l’adversaire en face va, a priori, se défendre et on peut le comprendre. Est-ce qu’on a envie de rentrer dans une relation de rivalité, de confrontation avec la Chine ? Je ne pense pas que ce soit ce que l’on attend », conclut le directeur du centre Asie à l’Ifri.

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> Lire l'article complet sur le site du Parisien
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