Modernisation, puis désescalade… et nouveaux essais : la volte-face permanente de Trump sur les armes nucléaires
Le président américain a annoncé sa volonté de reprise des essais nucléaires, suspendus depuis 1992. Ce revirement inattendu, annoncé quelques jours après un appel à la « désescalade », risque de relancer une dangereuse course aux armements avec Moscou et Pékin.
 
Nouveau rebondissement dans le monde nucléaire. Donald Trump, après avoir évoqué un potentiel accord de « désescalade » avec la Russie la semaine dernière, a finalement ordonné ce jeudi 30 octobre à son ministère de la Défense de « commencer à tester » les armes nucléaires des États-Unis. « En raison des programmes d'essais menés par d'autres pays, j'ai demandé au ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d'égalité. Ce processus commencera immédiatement », a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social, visant ouvertement la Russie et la Chine. Cette déclaration pour le moins surprenante est intervenue avant la rencontre très attendue du président américain avec son homologue chinois, Xi Jinping, qui s’est tenue ce jeudi en Corée du Sud.
Instaurer un rapport de force
Les États-Unis soupçonnent depuis plusieurs années la Chine et la Russie de continuer à réaliser, secrètement, des essais nucléaires de très faible puissance, violant ainsi le traité d’interdiction complet des essais nucléaire (TICE), signé en 1996 mais que les États-Unis n’ont jamais ratifié, tout comme la Chine. Or officiellement, depuis la Corée du Nord en 2017 – qui n’a pas signé le TICE – aucune puissance nucléaire n’a conduit d’essai et donc, violé ce traité.
Si la première puissance mondiale décidait de faire ce qu’elle suspecte les autres de faire, ce serait donc elle qui violerait cet accord, prenant ainsi le risque que d’autres États décident d’en faire de même.
« Ma crainte, c’est que des pays ayant intérêt à reprendre leurs essais comme la Chine en profitent pour faire la même chose. S’il est évident que Trump essaye d’instaurer un rapport de force avec la Chine et la Russie, je ne suis pas convaincu que cela pèse pour Vladimir Poutine ou Xi Jinping, explique Jean-Louis Lozier, conseiller du Centre des études de sécurité de l'Ifri et spécialiste de la dissuasion nucléaire. Et de poursuivre : « Au contraire, c’est une potentielle bonne opportunité pour la Chine, qui pourra se défausser, arguant que les États-Unis ont violé le traité en premier », prévient-il.
Cette décision survient alors que dimanche 26 octobre, Vladimir Poutine s’est félicité d’un essai réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire, mais qui ne porte pas forcément de tête nucléaire, Bourevestnik, d'« une portée illimitée » et capable, selon lui, de tenir en échec quasiment tous les systèmes d'interception.
Car c'est bien au niveau des essais sur les vecteurs de l'arme nucléaire (les missiles) plus que sur la capacité nucléaire (la bombe) en elle-même, que se joue la course entre les puissances.
S’il n’y a pour l’instant aucun détail concret quant à la mise en place de ces essais, l’annonce de Donald Trump peut cependant marquer un tournant : les essais d'armes nucléaires des États-Unis sont interrompus depuis 1992, date à laquelle George H. W. Bush a imposé un moratoire sur la question.
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Si l’ancien site d’essais du Nevada, qui a été conservé pour reprendre une activité « sous six mois » pourrait être remis en service, il faudra prendre acte de plusieurs paramètres.
Le site qui est vieillissant et abrite des populations aux alentours « n’est pas le même qu’au XXe siècle », alerte Jean-Louis Lozier qui ne croit d’ailleurs pas que la reprise de tests pareils, pourra se faire « immédiatement », comme l’a annoncé le président américain. Et au-delà du flou du calendrier, le spécialiste doute de l’utilité d’une telle démarche : « Ils n’ont aucun intérêt à reprendre les essais. Le programme nucléaire américain possède plus de 1 000 essais nucléaires et un programme scientifique très développé qui assure la pérennité de ce programme ».
Coup de com’ habituel de Trump donc ? Ou nouveau coup de pression à l’endroit de Vladimir Poutine ? : « Sans doute un peu des deux. Mais l’éternel problème de la communication trumpienne, c’est qu’elle peut changer rapidement. »
[...]
>Lire l'article sur le site de Marianne
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