Rachat de TikTok : ce que l’on sait de l’algorithme secret que l’application chinoise va livrer aux États-Unis
Après de longs mois de négociations, la Maison-Blanche a annoncé ce lundi avoir trouvé un accord avec ByteDance. Pour répondre aux menaces du Congrès et éviter son interdiction aux États-Unis, TikTok a accepté de céder une copie de son algorithme à sa future filiale américaine.

Plus que jamais, le TikTok made in USA semble proche de voir le jour. Véritable sujet de tension entre la Chine et les États-Unis depuis plusieurs années, le réseau social chinois, menacé d’interdiction sur le sol américain depuis le vote par le Congrès d’une loi exigeant que ByteDance cède ses activités américaines à des investisseurs américains, devrait rester disponible dans le pays de l’Oncle Sam.
Alors que Donald Trump ne cesse de repousser l’échéance de mise en application de la loi, désormais fixée au 16 décembre 2025, Washington a annoncé en début de semaine avoir trouvé un accord permettant à un consortium d’investisseurs américains d’acquérir 80 % de TikTok aux États-Unis. Au centre de ce dernier, Oracle, l’entreprise dirigée par l’homme le plus riche du monde, Larry Ellison.
« L’algorithme sera contrôlé par les États-Unis »
« TikTok sera majoritairement détenue par des Américains aux États-Unis », a révélé lundi Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche. « Les données et la confidentialité seront supervisées par une des meilleures entreprises technologiques américaines, Oracle, et l’algorithme sera aussi contrôlé par les États-Unis ».
Un point central et particulièrement sensible dans les négociations en cours depuis plus d’un an. En effet, c’est l’algorithme qui a poussé les autorités américaines à légiférer.
« Cet accord répond aux deux préoccupations principales des Américains », explique Mathilde Velliet, chercheuse au Centre géopolitique des technologies de l’Ifri. « La première, c’est la question de la manipulation de l’information et de l’opinion publique via l’algorithme, soit la possibilité d’amplifier certains contenus ou d’en censurer d’autres », détaille la spécialiste des relations sino-américaines.
« L’autre problème, c’est la question des données des utilisateurs américains, les autorités locales ne souhaitant pas qu’elles puissent être transférées et potentiellement utilisées par les autorités chinoises », analyse-t-elle.
« Une surveillance continue »
Cependant, si cet accord ressemble à une victoire pour les États-Unis, Pékin, qui n’a toujours rien confirmé, reste réticent à totalement livrer son trésor. ByteDance va conserver la propriété de son algorithme, ne laissant à la filiale américaine de TikTok qu’une copie de ce dernier. Les données seront gérées par Oracle, qui héberge les informations des usagers américains sur ses serveurs aux États-Unis depuis la mise en place du projet Texas en 2023.
Selon un haut-responsable américain, la copie de l’algorithme va être « inspectée », testée et fera l’objet d’une « surveillance continue pour s’assurer qu’elle fonctionne normalement et n’est pas utilisée à des fins malveillantes, ou influencée sans autorisation ».
« Les détails techniques sont encore flous », confie Mathilde Velliet. « Mais la nouvelle entité souhaite réentraîner l’algorithme avec des données américaines pour en faire une version similaire. Pour les autorités américaines, c’est une nécessité que ByteDance ne soit plus impliqué dans le fonctionnement de l’algorithme ».
Les craintes d’une manipulation de l’algorithme par l’administration Trump
Alors, qu’est-ce qui va changer concrètement pour les utilisateurs américains ? De nombreuses questions restent sans réponse, à commencer par savoir si les 170 millions d’usagers aux États-Unis devront ou non télécharger une nouvelle application.
Une chose est sûre, ce rachat ne fait pas l’unanimité aux États-Unis. Ce lundi, l’EFF (Electronic Frontier Foundation), une ONG spécialisée dans le droit du numérique, s’est fendue d’un communiqué détaillant ses craintes d’une possible manipulation gouvernementale.
« Tout est envisageable », estime notre experte. « On l’a bien vu après le rachat de X par Elon Musk. Quand on voit l’effort actuel d’orientation des médias mis en œuvre par l’administration Trump, ce n’est pas impossible qu’on le retrouve sur TikTok. La question ne concernera plus la Chine, mais bien la toute-puissance de l’administration Trump. »
> Lire l'article sur le site du Parisien.
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