"Taïwan veut du Rafale" : le patron de Dassault rêve d'un nouveau contrat export pour son avion de combat (mais la France craint les représailles chinoises)
S'exprimant au cours d'une audition parlementaire, le Directeur général de Dassault Aviation n'a pas caché ses espérances de vendre l'avion de combat Rafale à Taïwan, un pays déjà client de l'avionneur français.

Quel sera le prochain pays à signer pour des avions de combat Rafale? Si l'on en croit le Directeur général de son constructeur, les prospects ne manquent pas. Taïwan aurait ainsi fait part de son intérêt pour acquérir des avions de chasse français, a indiqué Éric Trapper lors d'une audition parlementaire. "Vous savez très bien ce que veulent les Taïwanais, ils veulent du Rafale", a déclaré le patron de Dassault devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale. "Mais ça ne dépend pas de moi. Je ne dis pas si c'est bien de vendre à Taïwan ou pas, ce n'est pas ma responsabilité, c'est celle de l'État", a-t-il ajouté.
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Tensions géopolitiques
Marc Julienne, chercheur et directeur du Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri), explique que "Taïwan a deux principales sources d'approvisionnement en matière d'équipements militaires: les États-Unis et sa propre industrie".
Pour autant cette volonté taïwanaise d'acquérir du Rafale semble plutôt logique, selon le chercheur.
"Avec un budget de défense en augmentation, Taïwan est prêt à acheter davantage d'armement américain, mais l’industrie étatsunienne peine à honorer les commandes dans les délais convenus. C'est pourquoi, dans une logique pragmatique, Taïwan aimerait diversifier ses approvisionnements en matière d'achats d'armement. Ce n'est donc pas une surprise et c'est tout à fait crédible." - Marc Julienne, Directeur du centre Asie et Chercheur à l'Ifri.
Ainsi, après avoir vendu des avions de combat et des frégates de type La Fayette dans les années 1990, la France n'a plus fourni de systèmes d'armes à Taïwan. En raison de la situation géopolitique, des tensions qui existent le pays et la Chine, de la politique étrangère de la France, il est cependant peu probable que Paris s'engage dans des discussions avec Taipei pour la vente de Rafale. C'est l'avis de Marc Julienne, qui se dit "sceptique sur la possibilité que la France vende de telles armes à Taïwan, pour des raisons géopolitiques". Il anticipe une riposte chinoise.
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"On peut imaginer que les mesures de rétorsion de la Chine (envers la France) seraient très importantes, sur le volet commercial et diplomatique", explique-t-il.

Les contrats d'armement sont éminemment politiques et dépassent le cadre d'une simple vente de matériel militaire. Quand l'Australie dénonce le contrat de sous-marin avec la France pour se tourner vers les États-Unis et le Royaume-Uni, ce n'est pas que de la production en moins pour Naval Group, c'est une remise en cause d'un partenariat stratégique sur le long terme.
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Pour Marc Julienne, "vendre un système d'armes tel qu'un avion de combat, c'est construire une relation stratégique sur plusieurs décennies. C'est certes vendre un avion, mais aussi la formation des pilotes et des mécaniciens et le maintien en condition opérationnelle".

En évoquant publiquement l'intérêt de Taïwan pour le Rafale, le patron de Dassault Aviation fait planer le doute. La vente de Rafale à Taipei oppose une logique d'entreprise, qui cherche à accroître son activité, à des réalités géopolitiques et des conséquences qui pourraient dépasser le seul cadre militaro-industriel.
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