"Un motif de fierté nationale" : le nombre de chars a été divisé par six en Europe et c'est l'Allemagne qui est devenue la championne incontestée (et elle ne craint ni la concurrence sud-coréenne ni l'américaine)
Il a fait l'objet d'une réduction drastique dans les inventaires militaires européens depuis la fin de la Guerre froide, mais il fait son grand retour depuis la guerre en Ukraine : le char de combat fait son retour en force sur le champ de bataille.
Le char de combat est plus que centenaire… et il n'est pas près de disparaître du champ de bataille – même si le nombre d'unités a chuté à moins de 5.000 à la fin des années 2010 au niveau européen, contre près de 30.000 à la fin des années 1980. Utilisé pour réaliser des tirs "au-delà de la vue directe", il fait aujourd'hui l'objet d'un "réinvestissement massif" par les armées européennes, comme l'explique le chercheur Léo Péria-Peigné dans une récente étude publiée par l'Institut français des relations internationales (Ifri).
"L'urgence, c'est maintenant, en raison de la menace russe et parce que la rénovation sur le segment du char a été complètement négligé depuis des années", résume Léo Péria-Peigné à BFM Business.
L'industrie allemande en point
Intitulée "Char de combat: obsolescence ou renaissance ?", l'étude met notamment en avant la prépondérance de l'industrie allemande dans ce secteur, c'est même "l'acteur principal dans ce domaine pour encore au moins une ou deux décennies", écrit l'auteur.
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Produit à la fin des années 1960 par Krauss-Maffei Wegman (aujourd'hui KNDS Deutschland), le Leopard (1, puis 2), "constitue d'ores et déjà une proportion considérable du parc européen en service, une dynamique que le retrait progressif des plateformes soviétiques et la modernisation des arsenaux ne feront que conforter à court et moyen terme", affirme Léo Péria-Peigné.
Selon lui, le succès s'explique par une multitude de facteurs, il en liste les principaux : une clientèle nombreuse en raison d'un renouvellement des flottes tout en restant sur le même type de char ; une "amélioration incrémentale", à savoir des modernisations successives et le traitement des obsolescences ; une production ininterrompue qui a permis de maintenir les chaînes et les cadences de production ; une "culture du stock" et de la "seconde main", qui facilite la livraison.
L'auteur cite également une logique export adaptée aux demandes des clients, "chaque client ou presque ayant obtenu une version 'nationale' du Leopard 2, ainsi qu'un "soutien politico-militaire constant" qui a fait du char "un motif de fierté nationale", soutenu par des crédits et des investissements importants. Léo Péria-Peigné précise par ailleurs que KNDS Deutschland et Rheinmetall "disposent de relais parlementaires efficaces en raison du volume d'emplois qualifiés" concernés par le secteur.
Corée du Sud, États-Unis et Turquie en embuscade
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"La Corée du Sud représente une vraie concurrence, c'est un phénomène à bas bruit qui se développe depuis 25 ans. L'industrie de défense est entrée dans le secteur par le biais de l'artillerie et applique la même logique commerciale sur le segment du char", explique Léo Péria-Peigné à BFM Business.
Les États-Unis misent sur le M1A2 Abrams, acquis par la Pologne et la Roumanie en vertu de contrats signés entre 2020 et 2024, répartis entre chars de seconde main et versions neuves. Cela étant, le chercheur précise que les États-Unis "ne représentent pas une concurrence à proprement parler" : "c'est davantage une logique de 'parapluie', car en achetant du matériel américain, le pays client se place en quelque sorte sous sa protection".
Quant à la Turquie, elle pourrait être "le prochain candidat à l'entrée sur ce marché en pleine remonté". Le T1 Altay, dont le développement a connu quelques vicissitudes depuis son lancement en 2007, pourrait "représenter une alternative intéressante", indique Léo Péria-Peigné, qui tempère néanmoins : "trop récent, le char turc n'est pas encore un concurrent notable, mais pourrait l'être à moyen terme".
Le char du futur en préparation
Les chars de nouvelle génération font d'ores et déjà l'objet de réflexions poussées et devraient "créer de nouveaux rapports de concurrence" sur le marché européen.
L'auteur cite l'Abrams X, qui n'est pour l'instant qu'un démonstrateur, tandis que le K3 coréen semble plus avancé et apte à prendre le relai des K2 "d'ici 2040". Selon le chercheur, Hyundai-Rotem serait "activement à la recherche d'un premier client pour participer au développement (…) notamment au Moyen-Orient".
De son côté, l'industrie allemande "se met en ordre de bataille" et ambitionne de proposer deux alternatives: le KF51 Panther, développé sur fonds propres par le géant Rheinmetall, qui veut en faire "la pierre angulaire de [sa future] stratégie commerciale (...) en Europe" et ainsi proposer un successeur naturel au Leopard 2. Un projet qui a notamment suscité l'intérêt de la Hongrie.
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> Lire l'article dans son intégralité sur le site de BFM.
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Découvrir la nouvelle étude de Léo Péria-Peigné : « Char de combat : obsolescence ou renaissance ? »
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