Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

Où va l'Iran ? – L'Europe centrale est-elle à l'ouest ?

Sommaires (présentation du numéro)
|
Date de publication
|
Image de couverture de la publication
Politique étrangère, vol. 77, n° 3, Automne 2012
Accroche

L’Iran reste pour beaucoup le Grand Étranger. À l’image d’une Perse modernisée et occidentalisée par le shah s’est substituée celle d’un pays fermé, arc-bouté sur la réaction religieuse, marginalisé internationalement et pris à la gorge économiquement. L’image qui ressort du dossier que lui consacre ce numéro de Politique étrangère est autre.

Corps analyses

La société iranienne se transforme comme les autres, même si l’écho politique de cette transformation semble contradictoire. Les sanctions économiques frappent durement le pays ; mais l’espoir de leur effet rapide pourrait bien être déçu. Et de son point de vue, l’Iran peut juger suivre, avec un relatif succès compte tenu des obstacles, une voie conforme à son intérêt diplomatique : affirmer son poids politique et apparaître comme un leader dans une opposition sunnites/chiites qui semble désormais dangereusement structurer un contexte régional déstabilisé par les « printemps arabes ».

En matière nucléaire, le plus sûr est le doute. Et l’habileté des responsables iraniens à entretenir ce dernier est incontestable. Leur stratégie, pour complexe qu’elle soit, continue sans doute de marquer des points, tout en approchant une zone dangereuse. Si l’objectif de Téhéran est de maîtriser l’enrichissement à un niveau rendant techniquement possible le passage au nucléaire militaire, la réussite est en vue, sinon acquise – en dépit des efforts internationaux. Mais le passage concret à l’arme serait, lui, visible, donc très dangereux pour Téhéran. Il est vraisemblable que l’Iran s’arrêtera provisoirement à la maîtrise technique – mais à ce stade, son succès sera déjà considérable. Sans pour autant entraîner l’immédiate cascade de proliférations annoncée par certains augures, ce « succès », basé sur un talent quotidien à gagner du temps, représente un défi direct aux dispositions du traité de non-prolifération (TNP) nucléaire. La vraie question devenant, pour les décennies à venir : combien de pays émergents tenteront d’accéder à ce statut de potentialité nucléaire militaire, alors que, manifestement, la distinction have/have not introduite par le TNP ne permet plus de gérer cette position de l’entre-deux ?

Marginalisé par les révolutions arabes, malmené dans ses alliances par l’affaire syrienne, Téhéran cherche une nouvelle assise internationale. S’il est sans conteste contraint par les sanctions occidentales, il garde nombre de ressources. L’heure n’est pas à l’attente d’un écroulement imminent du régime – il adviendra, certes, mais qui se hasarderait à prédire l’échéance ? Elle n’est certes pas non plus à l’action militaire : son effet aurait toute chance de s’avérer catastrophique. Il est simplement urgent de prendre enfin en compte le poids du pays et son espace dans la région.

***

Pour le monde dit des « grandes puissances militaires », le cas d’école des deux dernières années ne sera pas l’affaire libyenne, coup de dés militaire aventureux et réussi, mais l’interminable conflit syrien. Cas d’école d’une impuissance à explications multiples. Notre incompréhension fondamentale des bases sociales et politiques et des modes de fonctionnement des régimes de la région en est une. L’incapacité à régler le conflit israélo-palestinien en est une autre : sa dégradation continue – avec le naufrage peut-être définitif de la solution des « deux États » – donne une grande part de son importance à la déstabilisation syro-libanaise. Le grippage du Conseil de sécurité est tout aussi clair, mais aussi la non-pertinence des solutions militaires envisageables : si Moscou et Pékin s’« alignaient » enfin à l’Organisation des Nations unies (ONU), quelle option militaire mettrions-nous en œuvre après l’Irak, l’Afghanistan et la Libye ? Une intervention directe ? Le soutien à une intervention des pays du Golfe, qui aggraverait les fractures de la région ? Une intervention turque, bien en peine de stabiliser le pays sur le long terme ? Dans cette région minée de divisions et de conflits, l’option militaire ne pourrait qu’ajouter la guerre à la guerre…

La limite redécouverte des interventions extérieures est tout aussi bien exprimée, bien qu’à un tout autre niveau, par les événements du Mali. Reprendre le contrôle d’une région presque désertique n’est aisé qu’en théorie. L’intervention d’une puissance européenne, anciennement coloniale, aux portes de l’Algérie aurait tout de l’aventure. Et pousser à l’action des troupes africaines à l’efficacité militaire incertaine ne semble pas plus une solution crédible dans l’immédiat. Le prurit de la déstabilisation est donc sans doute destiné à durer. Il faudra user d’autres moyens pour le contrôler à distance.


Licence d'abonnement et pay per view : CAIRN

Librairies

 

Decoration

Contenu disponible en :

Régions et thématiques

ISBN / ISSN

978-2-36567-040-1

Partager

Téléchargez l'analyse complète

Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.

Où va l'Iran ? – L'Europe centrale est-elle à l'ouest ?

Image principale
Gros plan sur le monde asiatique
Centre Asie
Accroche centre

L’Asie est le théâtre d’enjeux multiples, économiques, politiques et de sécurité. Le Centre Asie de l'Ifri vise à éclairer ces réalités et aider à la prise de décision par des recherches approfondies et le développement d’une plateforme de dialogue permanent autour de ces enjeux.

Le Centre Asie structure sa recherche autour de deux grands axes : les relations des grandes puissances asiatiques avec le reste du monde et les dynamiques internes des économies et sociétés asiatiques. Les activités du Centre se concentrent sur la Chine, le Japon, l'Inde, Taïwan et l'Indo-Pacifique, mais couvrent également l'Asie du Sud-Est, la péninsule coréenne et l'Océanie.

Le Centre Asie entretient des relations institutionnelles suivies avec des instituts de recherche homologues en Europe et en Asie et ses chercheurs effectuent régulièrement des terrains dans la région.

Il organise à Paris tables-rondes fermées, séminaires d’experts, ainsi que divers événements publics, dont sa Conférence annuelle, avec la participation d’experts d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis. Les travaux des chercheurs du Centre et de leurs partenaires étrangers sont notamment publiés dans la collection électronique Asie.Visions.

Image principale

Cambodge-Thaïlande : un accord de paix en trompe-l’oeil

Date de publication
05 novembre 2025
Accroche

Après le Moyen-Orient, Donald Trump a vu en Asie du Sud-Est une nouvelle opportunité de consolider son image de président faiseur de paix. Confirmée à la dernière minute par la Maison-Blanche, sa participation au sommet de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) a ainsi été conditionnée à l’organisation en grande pompe d’une cérémonie de signature d’un accord de paix entre le Cambodge et la Thaïlande.

Image principale

Le rôle clé de la Chine dans les chaînes de valeur des minerais critiques

Date de publication
03 novembre 2025
Accroche

La Chine occupe aujourd’hui une position dominante dans les chaînes de valeur des minerais critiques, de l’extraction à la transformation jusqu’aux technologies en aval. Cette suprématie repose sur des décennies de politiques industrielles et lui confère une influence stratégique considérable sur la sécurité d’approvisionnement mondiale, notamment pour l’Union européenne.

Image principale

Un an de présidence Prabowo : entre populisme économique et reflux démocratique

Date de publication
03 novembre 2025
Accroche

Élu à presque 60 % des suffrages en février 2024, Prabowo Subianto est officiellement devenu le huitième président de la République indonésienne le 20 octobre 2024. Adoubé par son prédécesseur et ancien rival, Joko « Jokowi » Widodo, porté par une immense popularité, en particulier auprès de la jeunesse, le nouveau chef de l’État n’a pas tardé à mettre en œuvre son programme pour une « Indonésie qui avance » (Indonesia Maju).

Image principale

États-Unis/Taïwan : le temps de la confusion stratégique

Date de publication
08 octobre 2025
Accroche

En s’opposant à la volonté de la Chine d’annexer Taïwan, les États-Unis d’Amérique contribuent, depuis des décennies, au maintien du statu quo, toute tentative d’invasion chinoise entraînant, avec une potentielle intervention américaine, le risque d’une nouvelle guerre mondiale. Mais dans l’agitation suscitée par les conséquences internationales du retour au pouvoir de Donald Trump, une question sème le trouble dans les esprits : à l’égard de Taïwan, quelle sera l’attitude d’une administration dédaigneuse des alliés des États-Unis mais obsédée par la compétition avec la Chine ?

Charles-Emmanuel DETRY

Comment citer cette étude ?

Image de couverture de la publication
Politique étrangère, vol. 77, n° 3, Automne 2012
Où va l'Iran ? – L'Europe centrale est-elle à l'ouest ?, de L'Ifri par
Copier
Image de couverture de la publication
Politique étrangère, vol. 77, n° 3, Automne 2012

Où va l'Iran ? – L'Europe centrale est-elle à l'ouest ?