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1914-2014. La Grande Guerre et le monde de demain
1914 : l'enchaînement de Sarajevo. 2014 : l'enchaînement de Sébastopol ? À un siècle de distance, les crises européennes partent d'obsessions étrangement comparables ; pour déboucher sur des résolutions différentes. Le siècle qu'inaugure la Première Guerre mondiale a tout dessiné de notre temps : la sauvagerie des guerres techniques, l'illusion de l’entente des nations, un concept de sécurité collective qui peine à s'imposer, l'incertitude sur le destin d'une Europe à la puissance à la fois centrale et relative…
Le premier numéro 2014 de Politique étrangère projette l'héritage du premier conflit mondial sur notre avenir. De quelles formes de conflit sommes-nous aujourd'hui les héritiers ? Que faire du droit international ? L'Europe survivra-t-elle à son pacifisme actuel ? L'Asie est-elle le prochain champ d'affrontement des nouvelles puissances ? Le Moyen-Orient arrivera-t-il à digérer la fin des empires qui l'ont mis en coupe réglée ?
Une Europe démilitarisée ? Un regard américain
Le reproche adressé par les Américains aux Européens de négliger l’engagement de défense n’est pas nouveau, et il est souvent exagéré. Il a pris une ampleur nouvelle face à l’échec de l’Union européenne à se construire comme acteur stratégique et devant les coupes budgétaires engendrées par la crise de 2008. Pour inévitables que soient ces coupes, elles pourraient cependant menacer la capacité d’action des Européens en matière internationale, même pour les plus puissants d’entre eux.
Europe : d’une démilitarisation l’autre
Amorcée dès les années 1970, confirmée dans les années 1990 avec les « dividendes de la paix », accélérée par la crise de 2008, la démilitarisation de l’Europe est incontestable. L’effondrement des budgets produit des armées réduites, des matériels déployés en échantillons, des capacités en berne. Alors que les États-Unis se désengagent partiellement d’Europe, cette démilitarisation débouche sur l’impuissance européenne dans un monde où la violence collective demeure une réalité.
1914-1918 et la redéfinition de la guerre
La Première Guerre mondiale a contribué à redéfinir la notion de stratégie, lui donnant une dimension politique qu’elle n’avait pas auparavant. De nouvelles institutions ont été créées pour permettre aux civils et aux militaires d’échanger sur les grandes orientations stratégiques. Au-delà de la stratégie, la « guerre totale » de 1914-1918 a transformé l’idée même de guerre. La mémoire de ce conflit doit être perpétuée : sa valeur dissuasive pourrait nous prémunir d’une nouvelle montée des extrêmes.
L’armée française et la révolution militaire de la Première Guerre mondiale
En 1914, la puissance de feu des armements modernes provoque une hécatombe. Pour limiter les pertes, les belligérants s’enterrent dans des tranchées. L’armée française est contrainte d’innover. Infanterie et artillerie subissent de profondes transformations. Les doctrines évoluent, permettant ainsi d’intégrer les nouveaux moyens – notamment chars et avions – aux schémas tactiques. En 1918, l’armée française, plus moderne et plus mobile que son adversaire allemand, finit par l’emporter.
Turquie : le syndrome de Sèvres, ou la guerre qui n'en finit pas
Le traité de Sèvres symbolise pour les Turcs la liquidation de l’Empire et l’action des puissances extérieures pour démembrer la Turquie. L’effet historique du traité survit sous forme de syndrome, justifiant une vision obsidionale de la survie nationale. Au-delà de l’actuel néo-ottomanisme, un dialogue repensé avec l’Europe pourrait peut-être donner au pays un rapport nouveau à sa mémoire et l’aider à dépasser un syndrome manié par toutes les composantes de sa classe politique.
La Première Guerre mondiale et la balkanisation du Moyen-Orient
La Première Guerre mondiale a eu des conséquences tragiques pour le Moyen-Orient. Elle a conduit au dépècement de l’Empire ottoman et à une balkanisation de la région. La France et la Grande-Bretagne ont semé les graines de conflits futurs en faisant des promesses contradictoires aux notabilités et dirigeants locaux. L’instabilité que l’on observe aujourd’hui au Moyen-Orient puise ses racines dans les découpages qui ont fait suite à la Grande Guerre. Une nouvelle conflagration régionale est à craindre.
La place de l'Europe dans le monde : d'hier à demain
La première mondialisation du XXe siècle a produit un profond bouleversement de l’ordre des puissances et une dévalorisation globale des nations européennes. Elle a ainsi laissé le champ à une construction européenne largement technocratique et dépolitisée. Il est temps d’affirmer une vision nouvelle, fondée sur la coopération de nations qui demeurent en Europe le creuset de la démocratie. Seule une telle vision peut redonner à cette Europe son poids à l’international.