Climat et longue durée : la variable vendémiologique

On peut, à travers l’histoire des vendanges, approcher une histoire plus générale des climats, particulièrement en Europe. Cette histoire, alternance de réchauffements et de refroidissements saisonniers, peut aussi être mise en relation avec l’histoire économique, et donc politique, de nos pays: du XIVe siècle jusqu’au réchauffement global qui débute au seuil du XXe siècle et prend aujourd’hui des formes que seul peut appréhender le météorologiste.

Des recherches collectives sur les dates de vendanges permettent de résumer ici quelques conclusions chronologiques désormais obtenues sur l’histoire du climat ouest-européen. On s’inspirera également dans ces développements d’un ouvrage récent, Histoire humaine et comparée du climat, pour examiner le dernier millénaire.
Avant 1370 : la période pré-vendémiologique
Deux mots d’abord sur le XIIIe siècle, époque d’un petit optimum médiéval. C’est à tout le moins un phénomène régional qui vaut, semble-t-il, pour l’Europe occidentale et centrale, de la Scandinavie aux Alpes et peut-être au-delà, avec des glaciers alpins assez rétrécis de 900 apr. J.-C. à 1250 ou 1300. Le XIIIe siècle est donc pourvu de beaux étés secs, souvent chauds, ce qui lui donnerait une température à peu près comparable à celle de notre XXe siècle, légèrement réchauffé lui aussi. Les étés sont défavorables aux céréales quand ils sont brûlants – c’est l’échaudage en 2003 ou en 1420. En général, s’ils ne sont pas trop brûlants ni surtout trop secs, ils sont favorables au blé : d’où peut-être une contribution du climat à l’émergence d’un beau XIIIe siècle de croissance économique, à l’âge gothique – époque de Saint-Louis. Une croissance qui a bien sûr nombre d’autres déterminants, non climatiques eux. Viendrait ensuite un certain rafraîchissement au XIVe siècle, à partir de 1300-1303 inclusivement. On pourrait parler d’un petit âge glaciaire, expression valable pour l’Europe occidentale où les glaciers alpins sont effectivement à leur maximum au XIVe siècle ; mais petit, car l’expression d’âge glaciaire ne vaut pas nécessairement pour l’ensemble de la planète. À partir de 1303, des hivers froids se succèdent, bien diagnostiqués par Christian Pfister, avec également des étés frais. D’où l’émergence de la grande famine, due en particulier à l’excès des précipitations de 1314-1315, date qui marque souvent la fin du beau Moyen-Âge, avant même la peste noire de 1348.
Après 1370 : la période vendémiologique
Notre XVe siècle est plus difficile à connaître, du point de vue du climat. On ne dispose ni des données assez précises qui concernent les XIIIe et XIVe siècles ni des séries déjà bien élaborées que l’on possède sur le XVIe siècle. [...]
PLAN DE L’ARTICLE
- Avant 1370 : la période pré-vendémiologique
- Après 1370 : la période vendémiologique
- XVIIIe siècle : le chaud et froid…
- Un XIXe siècle globalement froid
- Un retour du réchauffement
Emmanuel Le Roy Ladurie, docteur Honoris Causa de 18 universités, a été professeur à l’École pratique des hautes études, à la Sorbonne, puis au Collège de France. Ancien administrateur général de la Bibliothèque nationale de France, il est membre de l’Institut. Il a, entre autres ouvrages, publié une Histoire du climat depuis l’an mil (Paris, Flammarion, 1983) et une Histoire humaine et comparée du climat en Occident en 2 tomes (Paris, Fayard, 2004-2006).
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Climat et longue durée : la variable vendémiologique
En savoir plus
Découvrir toutes nos analysesRussie - [URSS] - Russie
De Nicolas II à Vladimir Poutine, la Russie est passée, au cours du XXᵉ siècle, par bien des métamorphoses. À l'empire tsariste d'avant la Première Guerre mondiale succède l'Union des républiques socialistes soviétiques, l'URSS, dont la vocation révolutionnaire internationaliste exprimée par Lénine cède à l'impérialisme soviétique, continental avec Staline, mondial avec Khrouchtchev et Brejnev. Devenue une superpuissance après 1945, la « patrie du socialisme » ne peut résister à l'éclatement de l'empire qu'annonce la chute du mur de Berlin, en 1989 : en 1991, la Russie renaît donc sur les débris de l'empire, et, avec elle, une nouvelle page de l'histoire russe s'ouvre devant les yeux inquiets du monde. Mais en dépit de ses spécificités et des tensions diverses qui l'ébranlent, entre Nord et Sud, Orient et Occident, christianisme et islam, la Russie fédérale entend bien s'intégrer enfin dans la communauté des grands États et cesser d'être considérée comme un acteur à part des relations internationales.

D'hier à demain : penser l'international (1936-2006)
Ce numéro anniversaire célèbre les 70 ans d'existence de la revue Politique étrangère, créée en 1936.

1900-2000 : Cent ans de relations internationales
Ce numéro spécial de Politique étrangère célèbre 100 ans de relations internationales, de 1900 à 2000.

Politique étrangère, 50 ans d'une revue
Ce numéro anniversaire célèbre les 50 ans d'existence de la revue Politique étrangère, créée en 1936.