Une alliance bien vivante et qui s'adapte
Née d’une volonté de défense contre l’Union soviétique, l’Alliance a été réinventée à la fin de la guerre froide. Elle est engagée partout où les intérêts des Alliés sont menacés, et il n’existe pas aujourd’hui d’autre option de sécurité crédible pour ses membres. Mais l’Alliance doit savoir évoluer, s’adapter à de nouveaux défis, politiques et économiques, et ajuster ses modes de fonctionnement à la multiplication de ses membres.
Une semaine exactement après le 10e anniversaire du lancement de la campagne aérienne du Kosovo, et à la veille du 60e anniversaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), on ne pourrait trouver meilleure occasion pour réfléchir sur le passé, le présent et l’avenir de l’Alliance atlantique.
Il y a dix ans, en 1999, les États membres de l’OTAN ont pris la lourde responsabilité d’attaquer un État souverain sans l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. L’Alliance de 19 États née pendant la guerre froide, et originellement destinée à contenir la poussée de Staline vers l’Ouest, se voyait confrontée à une effroyable tragédie, au cœur même de l’Europe. Slobodan Milosevic, alors président de la République fédérale de Yougoslavie, avait résolu de chasser hors de la province du Kosovo la majorité albanaise en usant d’une violence crue et perverse : crimes de masse, viols, terreur sur la population.
La communauté internationale, sous le choc, avait plaidé pour une intervention. Tous les efforts diplomatiques entrepris pour arrêter les massacres s’étaient néanmoins révélés vains, et l’OTAN demeurait la seule capable d’empêcher une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Ceux d’entre nous qui étaient aux responsabilités à l’époque n’avaient aucun doute sur ce qu’il fallait faire ; mais nul ne savait comment cela allait se passer.
Et cela a fonctionné. Nous avons décrit nos objectifs dans des termes si simples que cela m’a valu une entrée dans l’Oxford Dictionnary of Political Quotations : « Les Serbes dehors, l’OTAN dedans, les réfugiés à la maison ». Il a fallu 78 jours de frappes aériennes et des pressions diplomatiques intenses, mais nous avons mis fin à l’épuration ethnique et interdit sa reprise.
L’Alliance de l’après-guerre froide
C’est ainsi que l’OTAN, quelques années après son engagement en Bosnie en 1995, a de nouveau utilisé sa puissance de feu pour mettre un terme à des violences atroces, et participer à un règlement politique dans les Balkans. L’événement fut déterminant, non seulement pour les dirigeants de l’époque – la génération des protestataires contre la guerre du Vietnam –, mais aussi pour une alliance de défense collective qui avait pu paraître obsolète à la chute du mur de Berlin, quand le vieil ennemi qu’était la puissante Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) avait disparu.[…]
PLAN DE L’ARTICLE
- L’Alliance de l’après-guerre froide
- L’Alliance reste centrale
- Une Alliance transformée
Lord Robertson of Port Ellen a été secrétaire à la Défense du Royaume-Uni (1997-1999) et secrétaire général de l’OTAN (1999-2003). Il est président de l’Atlantic Council of the United Kingdom.
Texte traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Claire Despréaux
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Une alliance bien vivante et qui s'adapte
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Découvrir toutes nos analysesL'OTAN : de Washington (1949) à Strasbourg-Kehl (2009)
On peut tenter de cerner l’histoire de l’Alliance en en repérant trois phases. La première est constituée par les quatre décennies de la guerre froide. Puis l’Alliance revêt le rôle d’accoucheur du changement politique en Europe. Dans l’après-11 septembre, le débat rebondit sur les défis de sécurité internationale et le rôle de l’Alliance. Il est aujourd’hui encore ouvert sur des questions fondamentales : entre autres la nécessaire redéfinition de ses missions, et des moyens correspondants.
Un programme pour l'OTAN : vers un réseau de sécurité mondiale
Le succès historique de l’Alliance est d’avoir unifié l’Occident face à la menace soviétique ; puis d’avoir, après la guerre froide, réussi à élargir cet Occident. L’Alliance doit pourtant aujourd’hui s’adapter à un monde nouveau marqué par l’éveil chaotique des peuples. Sa crédibilité dépend de la négociation d’une sortie politique de l’engagement en Afghanistan. À plus long terme, l’OTAN doit se penser comme centre d’un réseau d’organisations de sécurité à l’échelle du monde.
Le débat sur une OTAN globale
Le débat sur la « globalisation » est au cœur des échanges sur le nouveau concept stratégique. Il s’inscrit dans ce qui apparaît depuis 1994 comme une dynamique continue d’élargissements, des membres et des missions. Il renvoie également aux diverses lectures possibles de la réalité géopolitique présente : menaces globales, ou menaces rémanentes en Europe ? Il pose enfin une question morale : pourquoi et dans quelle circonstances l’Alliance est-elle légitime à user de sa force militaire ?
Quelle orientation future pour l'OTAN ?
L’orientation future de l’Alliance dépend de la réponse à deux questions : quels sont aujourd’hui les défis de sécurité pour les États-membres ; et quels sont ceux que peut traiter l’Alliance ? On examine ici quatre hypothèses, qui pourraient organiser le débat sur le futur concept stratégique : la focalisation sur le Grand Moyen-Orient, une attention centrale portée aux États fragiles, la focalisation sur les menaces non gouvernementales, ou un recentrage sur l’Europe.