Raymond Aron et la théorie des relations internationales
L'ampleur de l'oeuvre de Raymond Aron a toujours fait le désespoir de ses commentateurs — et de ses disciples. On peut s'attendre à la publication de divers textes inédits ; néanmoins, hélas, cette oeuvre est désormais achevée.
Ce qui devrait permettre d'étudier enfin, en profondeur, la contribution scientifique qu'elle a apportée — de séparer en quelque sorte les deux activités que Raymond Aron a menées de concert et a souvent entremêlées : l'activité proprement journalistique, commentaires d'une actualité qu'il se sentait le devoir d'élucider et d'interpréter, et l'activité du théoricien, philosophe de l'histoire, sociologue des sociétés contemporaines, ou critique de la pensée politique et sociale des grands auteurs.
La note qui suit n'a d'autre objet que de résumer brièvement ce qui me semble avoir été la contribution scientifique de Raymond Aron à la théorie des relations internationales. Je ne parlerai donc guère d'ouvrages, ou de parties d'ouvrages, qui relèvent avant tout du commentaire de l'actualité, ni même de ce qui, dans son oeuvre, prend la forme du récit historique (comme la majeure partie de République impériale) ; je ne dirai rien non plus du premier volume de Clausewitz qui appartient au vaste domaine de la critique des grands auteurs. Je ne recommencerai pas non plus l'analyse détaillée de Paix et guerre que j'avais publiée peu après la sortie de ce maître livre.
Il n'est pas possible de se livrer à cette étude sans être frappé par l'originalité de l'apport de Raymond Aron. Par rapport aux travaux français antérieurs, avant tout : en gros, jusqu'au début des années 50, la politique extérieure et les rapports entre les États étaient du ressort des historiens, des juristes, dans une moindre mesure des économistes. C'est Raymond Aron qui, dans ce pays, a véritablement créé une discipline autonome des relations internationales, située au carrefour de l'histoire, du droit, de l'économie, mais aussi de la science politique et de la sociologie, et caractérisée par ce que l'on pourrait appeler un ensemble cohérent et rigoureux de questions, qui tendent à rendre intelligibles les règles constantes et les formes changeantes d'un type original d'action : celui que mènent sur la scène mondiale les représentants des unités, diplomates et soldats, autrement dit la conduite diplomatico-stratégique. Les lois et modalités de cette conduite faisaient déjà, à la même époque, l'objet de travaux importants aux États-Unis, et Raymond Aron n'a jamais cessé, dans ses livres et articles, de dialoguer avec ses collègues d'outre- Atlantique (en particulier Hans Morgenthau, l'émigré allemand dont l'influence fut si forte dans son pays d'adoption, à la fois sur les universitaires et sur les praticiens, Henry Kissinger — qui a été l'un et l'autre — tout particulièrement). Mais, par rapport aux spécialistes américains des relations internationales, l'originalité de Raymond Aron éclate aussi : comme nous le verrons, son coup d'oeil est plus vaste, ses constructions sont plus souples (ce qui lui fut parfois reproché par des esprits avides de certitudes...), et ses analyses ont parfois précédé celles d'outre-Atlantique.
PLAN DE L'ARTICLE
- La spécificité des relations internationales
- Armes nucléaires et dissuasion
- Morale et stratégie
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