La France et l'Allemagne face aux enjeux de la politique sociale de l'Union européenne

Depuis la signature des Traités de Rome en 1957, la dimension sociale de la construction européenne s'est progressivement imposée dans les négociations entre les États membres et elle fait aujourd'hui partie intégrante de l'acquis communautaire.

Toutefois, elle joue toujours un rôle plutôt secondaire à l'échelle de l'Union. Les domaines prioritaires de l'intégration au niveau économique sont l'union douanière, le marché intérieur ainsi que l'union économique et monétaire. La politique sociale de l'UE consistait plutôt à amortir les effets négatifs de l'intégration commerciale, économique et monétaire qu'à infléchir une philosophie économique clairement axée sur la compétitivité des entreprises et le libre-échange.
La justice sociale, si elle n'est pas étrangère aux valeurs de l'UE rappelées dans l'article 2 du traité de Lisbonne et dans la charte des droits fondamentaux et qui défend aussi la stabilité et la paix intérieures des sociétés des États membres, n'a jamais été une priorité de premier ordre pour l'Union. D'autant qu'il s'agit d'une notion à laquelle tous les États membres n'attachent pas la même importance et qui, de surcroît, fait surtout partie des domaines qui relèvent prioritairement des champs de compétence des États membres, la politique sociale étant par excellence une matière gérée pour l'essentiel à l'échelle nationale.
Hans Stark est professeur à Sorbonne Université et conseiller pour les relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri.
Cet article est paru dans le dossier intitulé "Politiques sociales européennes : différences et perspectives à partir de l'exemple de l'Allemagne et de la France", paru dans la revue Allemagne d'aujourd'hui, n° 249, juillet-septembre 2024 et co-dirigé par Étienne Dubslaff, Françoise Knopper, Sylvie Karsenty (p. 11 à 19).
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