Réseaux sociaux et mobilisations citoyennes. Le nouvel activisme tchadien

« Lutter pour l’instauration d’un État de droit réel garantissant la liberté d’opinion, la laïcité, la justice et la bonne gouvernance», tels sont les objectifs proclamés du mouvement citoyen Iyina (« On est fatigué », en arabe dialectal) constitué en 2015. Dans un contexte de multiplication des plateformes d’opposition en Afrique au sujet des mandats de trop, l’émergence d’un activisme citoyen au Tchad passe relativement inaperçue.
Le président Idriss Déby est aujourd’hui considéré par la communauté internationale – et au premier plan par la France et les États-Unis – comme l’un des principaux garant de la stabilité dans l’arc de crise sahélo-saharien. Ce contexte sécuritaire ne permet pas aux revendications de ces nouveaux mouvements de la société civile tchadienne d’avoir un écho important. À la tête d’une armée reconnue par ses voisins comme l’une des plus efficaces de la zone, l’homme fort du Sahel est considéré comme un partenaire incontournable de la sécurité régionale et de la lutte antiterroriste. Autant dire que le régime Déby jouit d’une rente sécuritaire évidente, face à laquelle un silence malaisé s’est installé à Paris, peu critique face aux problèmes politiques majeurs dans le pays.
Pourtant, les mobilisations citoyennes tchadiennes perdurent et font preuve de dynamisme. Celles-ci ne sont pas nouvelles, mais a longtemps prévalu au Tchad un émiettement des espaces sociaux et politiques de contre-pouvoirs qui ne permettait pas à la société civile de porter des doléances aux niveaux national et international. Les organisations nées dans les années 1990 au moment de la chute d’Hissein Habré ont émergé sous des modalités essentiellement corporatistes et communautaires. Les nombreux syndicats ont surtout porté des revendications sectorielles et salariales liées au statut et à la solde des fonctionnaires. Par ailleurs, l’opposition au Tchad s’est historiquement construite sur le modèle de l’insurrection armée – Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT) ou encore Front uni pour le changement (FUC) – face au pouvoir en place. Ainsi, le Tchad souffre historiquement d’un déficit de culture militante, que ne connaissent pas des pays comme le Sénégal ou le Burkina Faso qui ont vu le militantisme s’enraciner dans leurs histoires politiques respective.
La période actuelle est un moment de relative accalmie des rebellions armées qui est de fait propice au développement d’un phénomène de contestation de l’ordre politique établi.
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