23
avr
2023
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Dimitri MINIC, invité dans "Le Club de l'info" sur LCI

Dans la tête des stratèges de l'armée russe - Interview de Dimitri Minic sur LCI

Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie / Eurasie de l'Ifri était invité sur LCI, dimanche 23 avril 2023, pour présenter son ouvrage Pensée et culture stratégiques russes. Du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine paru aux éditions de la Maison des sciences de l'homme.

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Selon Dimitri Minic, « La théorisation stratégique russe depuis la chute de l’Union soviétique est fondée sur une idée fondamentale : la lutte armée est passée au second plan. […] Sa théorisation a été conduite de deux façons par les théoriciens militaires russes. Le premier volet a été de penser la suprématie des moyens et des méthodes non militaires et militaires indirectes dans la guerre, avec une lutte armée qui peut être finale mais est limitée, voire à distance. L’autre volet est l’évitement de la lutte armée interétatique, ce qui n’empêche pas la lutte armée par des forces tierces, comme Wagner ».

Pour le chercheur, « L’opération militaire spéciale s’inscrit dans le premier volet du contournement de la lutte armée, qui est la domination des moyens non militaires et militaires indirects dans la guerre. Tout cela a été renforcé par la croyance fondamentale des élites militaires et politiques russes que le monde est hostile à la Russie ».

« Certes, la forme que la guerre en Ukraine revêt aujourd’hui est en rupture avec ce que la théorie et la doctrine russes avaient privilégié, ainsi qu’avec le sens des réformes militaires de 2008, mais le plan initial de l’‘opération militaire spéciale’ misait sur une tout autre physionomie du conflit. La guerre en Ukraine n’est pas un retour prémédité de la guerre traditionnelle et de la haute intensité, mais un effet imprévu du contournement de la lutte armée théorisé par la Russie depuis la chute de l’URSS. Pour le comprendre, il est crucial d’en revenir à la pensée stratégique russe post-soviétique », affirme Dimitri Minic.

« Les élites russes sont persuadées d’être les premières victimes du contournement et d’être en retard. C’est parce qu’ils pensent être victimes de l’Occident qu’ils veulent en apprendre les recettes. Cela les empêche de voir qu’ils ont en réalité beaucoup innové et sont eux-mêmes des exemples du contournement en Occident ».

 

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Groupe Wagner guerre en Ukraine pensée militaire Vladimir Poutine Russie Ukraine