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La batterie verte : un avantage compétitif pour l’industrie européenne du véhicule électrique ?

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Dans la perspective d’un alignement entre politique climatique et politique industrielle, l’Union européenne (UE) souhaite introduire des normes environnementales sur la fabrication des batteries destinées au marché du véhicule électrique (VE). Cette étude évalue les implications industrielles et conditions de succès de cette initiative pionnière.

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Depuis 2017, la chaîne de valeur des batteries est un terrain d’expérimentation privilégié pour la politique industrielle verte. La vague d’investissement dans les projets d’usines de cellules de batterie permet d’écarter le scénario noir d’une Europe subventionnant la demande de VE pour ensuite importer massivement les cellules depuis l’Asie. Les fabricants ont un intérêt commercial direct à s’implanter à proximité des unités d’assemblage des constructeurs automobiles, et ils sont d’autant plus incités à le faire que les Etats Membres apportent un soutien financier aux projets industriels. Cependant, l’autonomie stratégique reste un rêve lointain, car la plupart des projets confirmés sont portés par des acteurs extra-européens. En outre, l’Europe n’est pas encore parvenue à attirer les investissements correspondants dans la fabrication des sous-composants de la cellule et son influence très limitée sur l’approvisionnement en matières premières contredit également ses ambitions politiques.

L’absence de méthodologies de calcul consensuelles fait aujourd’hui obstacle aux stratégies de différentiation verte, notamment en ce qui concerne l’empreinte carbone. Pour autant, la littérature en matière d’analyse cycle de vie identifie clairement la fabrication des cellules et matériaux actifs comme des étapes fortement émissives. Pour celles-ci, il conviendrait de réduire autant que possible les consommations énergétiques et de couvrir les besoins incompressibles par de l’électricité décarbonée, qu’elle soit issue du réseau ou fournie dans le cadre de contrats d’achat si l’additionalité de la production d’origine renouvelable est bien garantie. Les étapes de l’extraction et du raffinage des matières premières offrent également un grand potentiel inexploité de différentiation verte, en particulier en combinant empreinte carbone et incidence environnementale et sociale à l’échelle locale. Fabriquer des batteries « vertes » n’implique pas nécessairement de localiser en Europe toutes les étapes de production, mais les Européens ont une carte à jouer grâce à leur expertise dans la mesure et la maîtrise de l’incidence environnementale de leurs activités. Enfin, la quête d’une batterie plus « verte » est un argument supplémentaire pour les partenariats industriels car elle exige une approche globale et cohérente des différents segments de la chaîne de valeur.

Si le règlement acte un calendrier ambitieux pour les obligations de transparence et l’introduction de catégories de performance, il pourrait changer la donne sur le marché européen du VE. Les obstacles méthodologiques et pratiques ne doivent pas être sous-estimés, mais la meilleure façon de parvenir à des règles de mise en œuvre robustes sera d’associer l’industrie à leur rédaction. Si le législateur européen confirme que les consommateurs pourront comparer la performance environnementale des batteries de VE dès 2023, alors l’industrie verra l’urgence de mettre son expertise à disposition. Quant aux Etats membres, ils devront faire leur part en allouant les ressources nécessaires au contrôle de la validité des informations fournies. Un signal politique fort pourrait même encourager les constructeurs européens à mieux intégrer les considérations environnementales dans la sélection de leurs fournisseurs, sans atteindre les prochains cycles industriels. L’enjeu du règlement batteries va au-delà de la chaîne de valeur du véhicule électrique, c’est l’opportunité de démontrer la pertinence d’une politique industrielle verte et européenne.

 

Cette étude est disponible en anglais uniquement : Green Batteries: a Competitive Advantage for Europe’s Electric Vehicle Value Chain?

 

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ISBN / ISSN

979-10-373-0341-7

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Carole MATHIEU

Intitulé du poste

Ancienne Responsable des politiques européennes au Centre Énergie et Climat de l'Ifri

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Énergie et Climat
Centre énergie et climat
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Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

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Laure de ROUCY-ROCHEGONDE Adrien BUFFARD

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La batterie verte : un avantage compétitif pour l’industrie européenne du véhicule électrique ?, de L'Ifri par
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