Entre soutien et conflits, les échanges agricoles transatlantiques depuis 1945

L’agriculture est un domaine d’importance stratégique, où l’entraide et la compétition alternent entre les États-Unis et l’Union européenne (UE).

Dans l’immédiat après-guerre, les États-Unis sont venus à l’aide de l’Europe en exportant de précieuses denrées alimentaires. Avec la naissance du marché commun et la mise en place de la Politique agricole commune (PAC), qui crée des mécanismes que l’on pourrait qualifier de protectionnistes, la dépendance européenne s’est peu à peu réduite. Les États-Unis ont cependant imposé à l’Europe, lors du Dillon Round, des importations de soja conséquentes (graines et tourteaux) qui vont nourrir les élevages européens.
À partir des années 1970, l’UE devient une puissance agricole exportatrice, et dépasse les États-Unis. Au travers des différents cycles de négociation de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) puis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les deux ensembles géographiques se livre une concurrence sans merci à coups de subventions. Les Accords de Marrakech en 1994 engagent une accalmie temporaire.
En 2013 commencent de vastes négociations pour un accord de libre-échange transatlantique (Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement [TTIP], dit aussi TAFTA). Côté américain, elles sont menées parallèlement à des négociations pour un accord similaire sur le versant pacifique, l’Accord de partenariat transpacifique (TPP). Mais la question des « indications géographiques » des produits et la méfiance des opinions publiques envers les Mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) empêchent toute avancée sur le TTIP. L’arrivée à la Maison-Blanche du président populiste Donald Trump sonne le glas des négociations, sans espoir de redémarrage avec son successeur démocrate Joe Biden.
Un déséquilibre subsiste : lors de la guerre tarifaire entre la Chine et l’administration Trump (2017-2019), les Européens sont venus au secours de la filière soja américaine en doublant leurs importations. Au même moment, les États-Unis s’en prenaient à l’UE à propos de subventions supposées aux olives espagnoles, puis en imposant des taxes importantes sur les vins européens dans le cadre du contentieux Boeing-Airbus. Aujourd’hui, le Secrétaire à l’agriculture américain Tom Vilsack critique le vaste projet européen du Green Deal et défend une position bien différente, celle du « développement durable de la productivité » et de la poursuite du recours à un éthanol à base de maïs.
La situation pourrait-elle s’arranger aujourd’hui ? Il serait bien temps de construire un bloc occidental pour parer aux risques de crise alimentaire mondiale liés aux agissements de la Russie et à la guerre en Ukraine.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Entre soutien et conflits, les échanges agricoles transatlantiques depuis 1945
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesVisite de Trump au Royaume-Uni : la « relation spéciale » à l’épreuve des faits
La visite d’État du président des États-Unis au Royaume-Uni, du 16 au 18 septembre 2025, a été perçue comme historique avant même d’avoir eu lieu.
Trump II : le choc des idéologies
L'administration Trump II agrège des courants idéologiques très différents, voire opposés : populisme d'extrême droite, droite chrétienne réactionnaire, paléo-libertarisme ou encore tech-libertarisme. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, ce sont les mesures populistes qui ont été les plus visibles. En effet, l'autorité du président a été renforcée, les contre-pouvoirs ont été affaiblis, une politique identitaire a été engagée et un nationalisme économique a été mis en place.
La Colombie après trois ans de mandat de Gustavo Petro
L’élection en juin 2022 de Gustavo Petro à la présidence de la Colombie portait de grands espoirs de réformes sociales dans un des pays les plus inégalitaires au monde, et gouverné depuis l’indépendance par des droites rarement réformistes. Un an avant la fin du mandat de Petro (non rééligible), il faut constater que ces attentes ont été largement déçues, les initiatives chaotiques d’un président qui n’a pas su prendre la mesure de sa fonction étant souvent bloquées par un Congrès structurellement conservateur. Un retour à une politique plus traditionnelle est donc le scénario le plus probable après les élections de 2026.
Milei : rompre avec l'État
L’élection de Javier Milei en novembre 2023 vient bouleverser une démocratie argentine rétablie il y a quarante ans, toujours marquée par le souvenir de Juan Perón et fidèle au principe de la légitimité de l’État.