Rechercher sur Ifri.org

Recherches fréquentes

Suggestions

Redéfinir l'avenir énergétique des Pays-Bas : les implications sociétales de la fin de l'exploitation gazière

Notes
|
Date de publication
|
Image de couverture de la publication
couv_slingerland_2022_2.png
Accroche

Les Pays-Bas s’apprêtent à tourner la page de la production domestique de gaz. C’est un défi technique mais aussi sociétal tant les controverses autour de l’ambition climatique sont vives. Un exercice de clarification stratégique s’impose pour que le pays puisse mener avec succès sa transition énergétique.

Image principale
Eemshaven, Netherlands - January 10, 2020. Industrial part by the sea in winter
Eemshaven, Netherlands - January 10, 2020. Industrial part by the sea in winter
Credit : Shutterstock
Corps analyses

Après la découverte du grand champ gazier de Groningue en 1959, les Pays-Bas ont progressivement construit des infrastructures gazières qui irriguent l’ensemble de la société et assurent encore aujourd’hui la couverture de 44% de la demande énergétique totale et de 69% de la demande énergétique des ménages. Les revenus tirés de l'exploitation de Groningue ont joué un rôle essentiel dans le financement de l'Etat-providence néerlandais, assurant jusqu’à 18% des recettes budgétaires en 1985.

Après la découverte de champs gaziers de plus petite taille en mer du Nord dans les années 1970, il a été décidé de préserver les ressources de Groningue et de s’en servir comme stabilisateur du marché gazier. Par la suite, la perspective de la fin de l’exploitation de Groningue a convaincu les Pays-Bas de devenir le principal « hub » gazier européen en se dotant de grandes capacités de stockage et de regazéification et en renforçant ses interconnexions avec tous les pays voisins.

Néanmoins, la multiplication des séismes dans la région de Groningue a conduit à une vague de protestation contre les politiques énergétique et gazière des Pays-Bas. Ce mécontentement s’est aussi exprimé au travers d’attaques en justice menées contre l’Etat pour non-respect de ses engagements climatiques. Dès lors, les plans de développement du secteur gazier ont dû être revus et la fermeture de Groningue avancée à 2023. En parallèle, les partis populistes ardemment opposés à des politiques climatiques ambitieuses ont vu leur popularité s’accroître. 

Avec un parlement plus fragmenté que jamais et après un an de négociations entre partis, le gouvernement de coalition entré en fonction en janvier 2022 a annoncé de nouveaux objectifs climatiques très ambitieux mais aussi partiellement controversés, comme le projet de construction de deux nouvelles centrales nucléaires et un intérêt renouvelé pour l’exploitation des réserves gazières restantes en mer du Nord. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a contribué à accélérer ces initiatives et à les compléter par d’autres mesures comme l’extension des capacités de regazéification, l’intensification des efforts d’exploration en mer du Nord et une levée des restrictions sur l’utilisation des centrales électriques au charbon.

La guerre en Ukraine crée de nouveaux questionnements sur le cap à tenir pour sortir de la dépendance gazière et mener la transition énergétique. Les Pays-Bas devront opérer un changement de mentalité pour qu’une « fierté de la transition énergétique » succède enfin à la « fierté gazière ». Ensuite, ils devront proposer à la fois un récit convaincant mais aussi mettre en avant des bénéfices concrets pour tous, y compris pour les opposants à la transition, tout en anticipant les bouleversements géoéconomiques liés à l’essor des technologies bas carbone. Enfin, il convient d’écarter toute décision qui renforcerait encore le verrouillage gazier de la société néerlandaise et donc les controverses autour de la transition énergétique.  

Cette publication est disponible en anglais uniquement: "Redefining the Netherlands' Energy Future: Societal Implications of the Nearing End of Dutch Natural Gas"

Decoration

Contenu disponible en :

Régions et thématiques

Partager

Decoration
Auteur(s)
Image principale
Énergie et Climat
Centre énergie et climat
Accroche centre

Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

Image principale

La dimension stratégique de la flexibilité des systèmes électriques : opportunités en Europe

Date de publication
30 avril 2025
Accroche

L’Union européenne (UE) est engagée dans une transition énergétique visant surtout à remplacer les combustibles fossiles par l’électrification de la demande.

Cédric PHILIBERT Arthur de LASSUS
Image principale

Perspectives du secteur électrique en République démocratique du Congo

Date de publication
28 avril 2025
Accroche

La RDC est le deuxième pays du continent africain en superficie avec plus de 2 345 000 km2, une surface comparable à celle de l’Europe de l’Ouest. Elle est traversée par le fleuve Congo, le second fleuve au monde par son débit, et sur lequel se trouve les deux barrages hydroélectriques d’Inga I et d’Inga II.

Pierre-Marie CUSSAGUET
Image principale

L’eau au Mexique : une urgence, qui attendra

Date de publication
22 avril 2025
Accroche

L’accès à l’eau est déjà et va devenir de plus en plus problématique pour les acteurs économiques mexicains, en raison de la raréfaction progressive de la ressource résultant du changement climatique, d’une répartition géographique qui ne coïncide ni avec celle de la population, ni avec celle de l’activité économique, et d’une gestion jusqu’ici bien trop laxiste. 

Image principale

IA, centres de données et demande d'énergie : quelles tendances ?

Date de publication
24 février 2025
Accroche

Le secteur des technologies de l’information et de la communication représente aujourd’hui 9 % de la consommation mondiale d’électricité, les centres de données (data centers) 1 à 1,3 % et l’intelligence artificielle (IA) moins de 0,2 %. La demande croissante d’énergie du cloud d’abord, et maintenant de l’IA (10 % de la demande d’électricité des data centers aujourd’hui), a exacerbé cette tendance. À l'avenir, les centres de données à grande échelle gagneront du terrain parmi tous les types de centres de données et l'IA représentera probablement environ 20 % de la demande d'électricité des centres de données d'ici à 2030.

Laure de ROUCY-ROCHEGONDE Adrien BUFFARD
Crédits image de la page
Eemshaven, Netherlands - January 10, 2020. Industrial part by the sea in winter
Credit : Shutterstock

Comment citer cette étude ?

Image de couverture de la publication
couv_slingerland_2022_2.png
Redéfinir l'avenir énergétique des Pays-Bas : les implications sociétales de la fin de l'exploitation gazière, de L'Ifri par
Copier