Scientific Cooperation in the South China Sea: A new vector for China's security diplomacy in Southeast Asia?

En mer de Chine méridionale, la science maritime pourrait être considérée comme un catalyseur pour une coopération fonctionnelle dans la région. Mais en réalité, cette forme de coopération reflète souvent des asymétries régionales et est devenue un autre domaine où le poids de la Chine est un facteur de déstabilisation, selon Sophie Boisseau du Rocher.

La mer de Chine méridionale est régulièrement étudiée en tant que source constante de tensions sécuritaires, tandis que l’analyse de la coopération scientifique dans la zone est rare, peu répandue et succincte. Cependant, la coopération scientifique dans le domaine des questions maritimes, et plus particulièrement en mer de Chine méridionale, existe. La recherche collective et le savoir sont même considérés comme un moyen de se rassembler, un pont fonctionnel indispensable à la dépolitisation des tensions récurrentes même si les conflits entre les différentes parties continuent d’empoisonner les relations bilatérales et les négociations sur un code de conduite. A l’inverse, les programmes scientifiques associent un vaste réseau de responsables politiques et militaires ainsi que des bureaucrates dont les expertises s'étendent des questions maritimes à la gestion des ressources ou la préservation des équilibres environnementaux fragiles.
Les programmes scientifiques servent manifestement les intérêts à la fois de la Chine et des pays sud-est asiatiques: les domaines de coopération sont nombreux et constituent l’approche la plus simple pour établir des régimes de coopération régionale. En ce sens, le travail scientifique collectif et l’adoption de standards fonctionnels prétendent contribuer à amoindrir les postures menaçantes. Toutefois, la coopération scientifique reflète la réalité des relations dans la région, des relations d’interdépendance inégale ou asymétriques. Dans le domaine scientifique, tout comme dans les autres domaines, la Chine joue sur les faiblesses de ses partenaires.
L’expérience montre que la Chine utilise simultanément ses prouesses scientifiques et militaires en constante progression pour dissuader ses adversaires, rendre crédible ses revendications et sécuriser son espace régional ainsi que ses voies d’approvisionnement. Après vingt ans de recherche en mer de Chine méridionale, l’espace commence à être étroitement contrôlé.
Au final on montrera que ce contrôle n’est pas réellement la conséquence d’une coopération scientifique mais plutôt le résultat de programmes de recherche menés par la Chine avec des règles établies par la Chine. Il est ainsi raisonnable d’interroger le lien entre la compréhension de l’espace maritime que la recherche a permis et son utilisation pour consolider le pouvoir chinois. Par ailleurs, la coopération scientifique n’a pas atténué la méfiance ni facilité l’aboutissement d’un accord définissant un code de conduite.
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesQuest for Strategic Autonomy? Europe Grapples with the US - China Rivalry
Dans la continuité du rapport de 2020 de l’European Think-tank Network on China (ETNC) qui évaluait le positionnement de l'Europe dans un contexte de rivalité stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, cette édition réexamine le paysage géopolitique sous le prisme de la pandémie de Covid-19, de la guerre russe en Ukraine et du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Ce rapport comprend 22 chapitres nationaux et un chapitre consacré à l'Union européenne, analysant l'évolution des relations de l'Europe avec Washington et Pékin, l'éventail des approches pour faire face à la rivalité sino-américaine et la manière dont elles sont vouées à évoluer.
Élection de Lee Jae-myung en Corée du Sud : des réformes internes et une certaine continuité dans la politique étrangère
Le peuple a voté. Lee Jae-myung, candidat du Parti démocrate, a remporté l’élection présidentielle six mois seulement après la destitution de son prédécesseur.
Tournée du président Emmanuel Macron en Asie du Sud-Est : l'ambition d'un partenariat nouveau, exemplaire et durable
La visite du président Emmanuel Macron en Asie du Sud-Est confirme l’intérêt et l’engagement de la France dans une région qui apparaît comme un « nouveau centre du monde en train d’émerger ».
Le président Macron au Shangri-La Dialogue. L’autonomie stratégique à l’épreuve de la réalité indopacifique
En se rendant fin mai au Vietnam, en Indonésie, puis à Singapour pour y prononcer un discours marquant au Shangri-La Dialogue, Emmanuel Macron a cherché à repositionner la France – et, au-delà, l’Europe – dans une région centrale de l’Indo-Pacifique, tout en y inscrivant sa lecture des équilibres mondiaux en mutation.