Xi Jinping et le nouvel empire du Milieu
Rentrée chargée en Chine. Après le sommet annuel de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) qui s'est tenu le 31 août, la Chine organise ce mercredi 3 septembre une immense parade militaire à Pékin pour commémorer le 80e anniversaire de la défaite du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'occasion pour Xi Jinping de s'imposer sur la scène internationale.
Le président chinois aime les proverbes imagés. « Dans une course de 100 navires, ceux qui rament le plus dur l’emportent », a lancé Xi Jinping accueillant le 31 août à Tianjin, ville de 15 millions d’habitants au sud de Pékin, le sommet annuel de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) avec une vingtaine de dirigeants asiatiques, des autocrates qui comme lui défient l’Occident comme le russe Vladimir Poutine, l’iranien Massoud Pezeshkian et le bélarusse Alexandre Loukachenko. Mais aussi des démocrates au moins formellement, comme l’indien Narendra Modi qui réagit aux pressions de Washington et à l’instauration de taxes douanières de 50 % sur leurs exportations vers les Etats-Unis en punition des achats de pétrole russe, en se rapprochant de la Chine, l’éternelle rivale. C’est la première fois depuis sept ans que le dirigeant de ce qui est désormais le pays le plus peuplé du monde se rend à Pékin pour cette réunion au sommet qui incarne de fait un front du refus face à Donald Trump. Ce qui n’empêche que parmi les invités figure aussi le président turc Recep Tayyip Erdogan à la tête d’un pays pilier de l’Otan et candidat à l’Union européenne.
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La « grande renaissance de la nation chinoise » cale
L’OCS a néanmoins une efficacité pour le moins limitée en matière de sécurité, au-delà de grandes déclarations sur le multilatéralisme pour la construction d’un ordre mondial multipolaire. Même s’ils sont tous non-occidentaux, ces pays ont entre eux davantage de divergences que de points communs d’alignement. Ainsi en juin dernier, l’Inde a refusé de signer le communiqué commun condamnant les attaques d’Israël sur l’Iran. Dans ce contexte, le sommet ne devrait pas déboucher sur des avancées très concrètes. Les entretiens entre Xi Jinping et Narendra Modi pourraient aboutir à des mesures frontalières de détente, avec des retraits de troupes, l’assouplissement des restrictions en matière de commerce et de visas afin de relancer les échanges entre les deux géants de l’Asie, qui n’en resteront pas moins rivaux. Mais ce qui compte avant tout pour Xi Jinping avec ce grand ballet diplomatique, c’est de montrer que la Chine est en cette première semaine de septembre le centre du monde.
Le pouvoir chinois se pose volontiers en héritier de « l’empire du Milieu », qui fut pendant des siècles la plus grande puissance mondiale. « Xi Jinping s’inscrit dans cette histoire impériale d’une Chine qui n’a pas d’allié mais des vassaux », rappelle Emmanuel Véron. C’est vrai y compris dans les relations avec Vladimir Poutine, que son homologue chinois a rencontré 55 fois depuis 2012. Au-delà de « l’amitié sans limite » revendiquée par les deux dirigeants, la Russie fait désormais figure d’obligée face à ce qui était à l’époque soviétique « le petit frère chinois » devenu depuis la seconde puissance économique mondiale, alors que le PIB russe est dans les bonnes années au niveau de celui de l’Italie.
La « grande renaissance de la nation chinoise » que porte Xi Jinping – l’inscrivant en 2018 dans la Constitution – n’en montre pas moins de plus en plus de signes de fragilité. A commencer par l’économie, avec une croissance en berne après des années de grand boom, une demande intérieure qui stagne, un chômage des jeunes qui explose. The Hong Kong Economic Journal affirme que 60 % des jeunes diplômés entre 2020 et 2024 n’ont pas d’emploi.
« L’économie chinoise fait toujours face à une polycrise structurelle que la nouvelle guerre commerciale avec les Etats-Unis ne peut qu’aggraver », note Marc Julienne de l’Ifri dans le nouveau numéro de Ramses, la revue annuelle de cet institut.
A cela s’ajoute un effondrement démographique.
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>Lire l'article sur le site de Challenges
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