Conceptualiser les classes moyennes dans un Etat développementiste : discours et attentes en Éthiopie.
La notion de « classe moyenne » a été de plus en plus utilisée depuis les années 2010 pour identifier les changements sociaux survenus dans les pays africains, y compris en Éthiopie. Cependant, cette catégorie elle-même est difficile à définir et a été retenue pour décrire des dynamiques socio-économiques très diverses.
Cet article présente une manière originale de considérer la « classe moyenne », en se focalisant sur ce que cette catégorie est supposée générer pour les différents acteurs qui l'utilisent. Nous défendons l'idée que le débat sur la composition sociale de la « classe moyenne » ne peut être poursuivi sans déconstruire et discuter auparavant le pourquoi, le comment et le par qui cette catégorie est utilisée. Puisque la notion de classe moyenne reste subjective et est créée localement dans tous les pays, notre recherche se concentre sur les différents points de vue et discours employés par des acteurs externes et internes et sur les implications politiques de telles définitions dans le contexte de l'Éthiopie. En analysant à la fois les discours internationaux et les points de vue des dirigeants éthiopiens, nous démontrons qu'une fluidité de la notion de « classe moyenne » existe profondément ancrée et interprétée dans des contextes institutionnels, idéologiques, et sociaux spécifiques, et qu'elle sert en même temps des ambitions politiques et économiques. A cet égard, le cas de l'Éthiopie révèle à quel point des acteurs divergents ont favorisé cette même catégorie avec de grandes différences dans leurs interprétations et leurs attentes. Nous soutenons donc que le concept de « classe moyenne » reste utile sur le plan analytique si celui-ci n'est pas considéré comme une catégorie objective mais plutôt comme étant une catégorie politiquement construite.
L’article est disponible en anglais sur le site de African Affairs
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa politique russe de recrutement de combattants et d’ouvrières en Afrique subsaharienne
La guerre russo-ukrainienne, déclenchée le 24 février 2022, s’est rapidement internationalisée. La Russie et l’Ukraine se sont très vite efforcées de mobiliser leurs alliés afin d’obtenir un soutien politique et diplomatique, ainsi que des ressources militaires et économiques. Mais les deux belligérants ont aussi cherché à recruter des étrangers à titre privé pour soutenir leurs efforts de guerre respectifs. Cette politique est globale et s’étend de l’Amérique latine à l’Extrême-Orient. L’Afrique subsaharienne, dans ce panorama, présente un intérêt particulier car elle constitue un vivier de recrutement vaste et facilement accessible, en raison de taux de pauvreté élevés dans la plupart des pays de la zone conjugués à un important désir d’émigration.
Jeunesses et mobilisations en ligne au Mozambique : vers une redéfinition de l’espace public ?
Cette recherche explore la manière dont les jeunesses mozambicaines investissent les espaces numériques pour contourner les canaux traditionnels de participation politique et sociale. À travers une analyse des mobilisations en ligne, notamment sur les réseaux sociaux tels que Facebook, TikTok et WhatsApp, il met en lumière les nouvelles formes d’engagement qui remettent en question le monopole de l’État sur la parole publique et l’agenda politique.
Revendiquer “le peuple” : explosions démographiques de la jeunesse, dirigeants autoritaires affaiblis et politiques “populistes” au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie
Cette étude analyse l’émergence de tendances politiques qualifiées de « populistes » dans trois pays d’Afrique de l’Est : le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Elle s’ancre dans une discussion plus large autour de la notion de « populisme », en interrogeant son usage et sa pertinence dans les contextes africains (et plus spécifiquement est-africains), avant d’examiner les dynamiques propres à trois cas emblématiques : la victoire électorale de William Ruto en 2022 au Kenya et sa rhétorique de la « Hustler Nation » ; l’opposition portée par Bobi Wine face à Yoweri Museveni en Ouganda ; et le style de gouvernement fortement personnalisé de John Magufuli en Tanzanie.
Gabon : un modèle politique issu d’une transition (presque) exemplaire ?
Les 27 septembre et 11 octobre 2025, les citoyens gabonais élisent dans un scrutin à deux tours à la fois les pouvoirs municipaux et les députés de la nouvelle Assemblée nationale. Il s’agit de l’étape presque ultime d’une transition politique qui s’approche de sa fin, un peu plus de deux ans après le coup d’État ayant renversé le régime dynastique plus que trentenaire des Bongo, celui du père, Omar, mort au pouvoir en 2009, puis celui de son fils, Ali, maintenant en exil.