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Les exportations américaines de gaz naturel : de nouvelles règles du jeu sur l’échiquier européen

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Cette étude analyse les conséquences des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain vers l'Europe, en particulier sur la stratégie de la Russie, principal fournisseur de gaz de l'Union européenne. 

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Cargo de gaz naturel liquéfié (GNL) - Donvictorio/Shutterstock.jpg
Cargo de gaz naturel liquéfié (GNL) - Donvictorio/Shutterstock.jpg
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La révolution des gaz de schiste a profondément modifié la scène gazière américaine et la compétitivité du gaz sur le marché américain. L’abondance des ressources et la forte hausse de la production ont entraîné un surplus de production et fait chuter les prix du gaz américain. L’écart de prix entre marchés régionaux (États-Unis, Europe, Asie) a incité les producteurs américains à rechercher de nouveaux débouchés à l’exportation. Après un vif débat entre partisans des exportations, principalement les producteurs de gaz, et leurs détracteurs, principalement les grands consommateurs industriels qui craignaient une hausse du prix, les exportations de GNL américain ont commencé fin février 2016 avec la première cargaison de l’unité de liquéfaction de Sabine Pass (Cheniere) exportée vers le Brésil. Quatre autres unités de liquéfaction sont actuellement en construction. En 2020, les États-Unis pourraient devenir le troisième exportateur mondial, derrière l’Australie et le Qatar.

Les exportations de GNL américain vont révolutionner le commerce international du GNL. Leur structure contractuelle (indexation sur le prix spot du gaz américain, absence de clauses de destination, contrats de tolling) et les volumes envisagés vont permettre une plus grande flexibilité du marché international du GNL et faciliter la convergence des prix entre les marchés régionaux.

Mais les exportations américaines commencent sur un marché fort différent de celui envisagé au début des années 2010 lorsque les projets d’exportation ont été initiés. La baisse du prix du pétrole, l’entrée en production de nouvelles capacités de liquéfaction depuis 2014 et le ralentissement de la croissance de la demande en Asie, ont fait chuter le prix du GNL sur les marchés importateurs. Après quatre ans d’offre tendue, le marché est maintenant dans une situation excédentaire qui devrait perdurer jusqu’au tournant de la décennie. Ces nouvelles conditions modifient profondément l’économie des projets d’exportation de GNL américain, qui à court terme, est remise en cause : les prix actuels sont insuffisants pour couvrir le coût complet des projets. Mais les projets existants sont sécurisés par des contrats de long terme signés pour des durées de vingt ans. Pour les nouveaux projets, il sera difficile d’obtenir un financement dans les conditions actuelles.

Du fait de la flexibilité des contrats américains, les cargaisons de GNL vont être exportées vers les marchés les plus rémunérateurs. Alors que les projets ciblaient initialement le marché asiatique, la disparition de la surprime payée par les acheteurs asiatiques et le ralentissement de leur demande font des autres marchés importateurs, dont l’Europe, des marchés plus attractifs pour les exportateurs de GNL américain. Au niveau actuel des prix du gaz sur le marché européen, particulièrement bas, le GNL n’est toutefois pas assuré d’arriver en quantité importante, tant que des marges plus élevées peuvent être réalisées sur d’autres marchés (Amérique Latine, Moyen-Orient, Inde). Le marché européen est un marché de « dernier recours » pour écouler les surplus de GNL, qui devraient s’accentuer à partir de 2018.

Les exportateurs traditionnels de l’Europe, Russie en particulier, se préparent à cette nouvelle concurrence sur un marché où la demande a décliné d’un cinquième depuis 2010, bien qu’elle soit repartie à la hausse en 2015. La chute des prix du gaz russe, qui restent corrélés aux variations du brut avec un décalage de six à neuf mois, éloigne la menace de cette nouvelle concurrence à court terme. L’augmentation des exportations de Gazprom vers l’Europe (+8 % en 2015 et +18 % au 1er trimestre 2016) limite les besoins supplémentaires d’importation de GNL en Europe. Les importations de GNL ont légèrement baissé au 1er trimestre 2016, après leur hausse de 2015.

Mais la remontée (même modeste) des prix du pétrole va changer la donne. Les contrats russes étant en partie liés aux prix du pétrole, le prix du gaz russe va remonter. Cette situation est susceptible de déclencher une guerre des prix entre Gazprom, le fournisseur principal du marché gazier européen, et les exportateurs américains. Gazprom a indiqué qu’il entendait préserver sa part d’au moins 30 % du marché européen. Il dispose pour cela d’atouts significatifs : des capacités de production et de transport excédentaires et un coût de production/transport bas. Pour défendre sa part de marché, Gazprom pourrait ajuster ses prix à la baisse en fonction du coût du gaz américain livré en Europe, rendant celui-ci non compétitif pour les acheteurs européens.

 

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Sylvie CORNOT-GANDOLPHE

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Chercheuse associée, Centre énergie et climat de l'Ifri

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Énergie et Climat
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Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

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