L'industrie électrique américaine au défi de la transition bas-carbone

La mutation du système électrique américain vers plus de sobriété carbone, de décentralisation et de digitalisation exige de repenser la répartition des rôles entre acteurs traditionnels, nouveaux entrants et consommateurs devenus eux-mêmes producteurs. Où en sont les réflexions outre-Atlantique et que laissent-elles présager en termes de nouvelle organisation pour le système électrique du XXIème siècle ?

Alors que la vague de libéralisation des années 1990-2000 a fait émerger un paysage industriel morcelé, mais dorénavant stabilisé, la transition bas-carbone bouscule à nouveau les équilibres au sein du secteur électrique américain. Dans un contexte où se conjuguent faiblesse de la demande d’électricité, essor du photovoltaïque décentralisé et baisse de rentabilité des actifs de production marchands, les grands acteurs du système centralisé, les utilities et les producteurs indépendants, font aujourd’hui face à de profonds questionnements sur l’avenir de leurs modèles d’affaires.
Portés tout autant par les forces du marché que par des dispositifs de soutien public, ces facteurs de déstabilisation ont un impact encore difficile à évaluer mais la nécessité de maîtriser les transformations à venir est d’ores et déjà au cœur des débats. Dans les régions où la production est valorisée sur les marchés de gros, de nouveaux outils sont notamment à l’étude pour sécuriser la rémunération de certaines centrales avec, en toile de fond, la question d’une éventuelle dépendance excessive au gaz naturel. En parallèle, les États sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur les modalités de soutien à la production décentralisée.
Si le net metering, le principal dispositif de soutien au photovoltaïque décentralisé, a rencontré un franc succès du fait de sa simplicité, il est aujourd’hui décrié en raison des problématiques de couverture des coûts de réseaux et de subventions croisées qu’il induit. Bien que les réformes soient toujours difficiles à mettre en œuvre, puisqu’elles supposent une confrontation d’intérêts de mieux en mieux organisés, un consensus commence à émerger en ce qui concerne la structure des tarifs de vente au détail. En revanche, les appels à une valorisation de la production décentralisée en fonction de sa valeur réelle pour le système se multiplient, sans qu’il n’y ait à ce jour de réelle convergence de vues sur la méthodologie à adopter.
Les acteurs traditionnels cherchent également à s’adapter, pour trouver des opportunités de croissance là où n’apparaissaient en premier lieu que des défis. La diversification des activités constitue un important levier de transformation, même si le cas d’NRG Energy illustre la difficulté de prendre des tournants stratégiques tout en maintenant la confiance des investisseurs. La régulation est elle aussi amenée à évoluer, pour permettre un alignement entre les intérêts financiers des utilities et les objectifs de la transition bas-carbone.
Plus fondamentalement encore, des États comme New York, la Californie ou encore le Minnesota engagent réflexions et débats sur l’optimisation des ressources centralisées et décentralisées. La structure industrielle en place influe sur les orientations retenues localement, notamment en ce qui concerne la délimitation entre l’univers régulé et les activités soumises au jeu concurrentiel. Pour autant, ces initiatives ont ceci de commun qu’elles cherchent à anticiper et accompagner les mutations, via un renforcement du rôle d’interface des utilities agissant en tant qu’opérateur du réseau de distribution, pour favoriser, à terme, l’émergence de nouveaux modèles d’affaires stables et performants.
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