La Politique européenne de voisinage : un phénix bureaucratique ?
Face aux bouleversements à ses frontières orientales et méridionales, l'Union européenne a cherché à trouver des réponses en révisant sa Politique européenne de voisinage et en publiant une nouvelle stratégie globale de politique étrangère et de sécurité. Au-delà des documents, quelles réalités de l'impact européen dans son voisinage ?
La Politique européenne de voisinage (PEV) a été initiée en 2003 avec des déclinaisons régionales au Sud avec l’Union pour la Méditerranée depuis 2008 et, à l’Est, avec le Partenariat oriental depuis 2009. L’ambition de réunir dans un même chapitre des pays aussi différents que l’Égypte et l’Arménie paraît audacieuse. L’intérêt bureaucratique d’avoir un cadre unique est certes compréhensible, mais la pertinence politique l’est moins. En outre, les troubles géopolitiques à l’Est et au Sud ont généré de nombreuses incertitudes, tant sur le plan sécuritaire que sur la capacité de l’Union européenne à être un acteur influent et de premier plan. D’où la révision de la PEV en novembre 2015 et la publication de la stratégie globale de l’UE en juin 2016 pour tenter de recentrer les priorités européennes.
Elles s’articulent autour de trois principes : la sélectivité, la stabilité et la résilience. La sélectivité, tout d’abord, prévoit une plus grande différentiation dans le traitement des partenaires, en fonction notamment de l’envie de ces pays de coopérer avec l’Union. La stabilité, ensuite, reprend toute sa centralité face au soutien à la démocratie ; les préoccupations sécuritaires européennes sont devenues prioritaires. La résilience, enfin, renforce l’idée que stabilité et sécurité sont des principes fondamentaux de la PEV, bien que ce concept reste assez flou et difficilement exportable.
Progressivement, la PEV devient une boîte à outils. L’Union sait, à juste titre, qu’elle ne peut pas espérer transformer tout son voisinage ni à la même vitesse, ni vers les mêmes horizons. C’est pour cette raison que la PEV a besoin d’être ancrée dans un cadre politique clair afin que ses outils et ses relations soient gouvernés par des principes directeurs. La stratégie globale peut fournir un tel cadre. Aux institutions européennes et aux États membres de s’assurer qu’il y a une cohérence d’action. C’est d’autant plus important que la PEV a longtemps pâti de son caractère technocratique, qui la rendait déconnectée d’objectifs plus larges de politique étrangère. Il existe aujourd’hui une opportunité de corriger ce défaut de conception et de mettre la PEV au service de la politique extérieure de l’Union et de la rendre plus pertinente aux yeux des États membres, qui peuvent alors davantage l’investir.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La Politique européenne de voisinage : un phénix bureaucratique ?
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesCambodge-Thaïlande : un accord de paix en trompe-l’oeil
Après le Moyen-Orient, Donald Trump a vu en Asie du Sud-Est une nouvelle opportunité de consolider son image de président faiseur de paix. Confirmée à la dernière minute par la Maison-Blanche, sa participation au sommet de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) a ainsi été conditionnée à l’organisation en grande pompe d’une cérémonie de signature d’un accord de paix entre le Cambodge et la Thaïlande.
Le rôle clé de la Chine dans les chaînes de valeur des minerais critiques
La Chine occupe aujourd’hui une position dominante dans les chaînes de valeur des minerais critiques, de l’extraction à la transformation jusqu’aux technologies en aval. Cette suprématie repose sur des décennies de politiques industrielles et lui confère une influence stratégique considérable sur la sécurité d’approvisionnement mondiale, notamment pour l’Union européenne.
Un an de présidence Prabowo : entre populisme économique et reflux démocratique
Élu à presque 60 % des suffrages en février 2024, Prabowo Subianto est officiellement devenu le huitième président de la République indonésienne le 20 octobre 2024. Adoubé par son prédécesseur et ancien rival, Joko « Jokowi » Widodo, porté par une immense popularité, en particulier auprès de la jeunesse, le nouveau chef de l’État n’a pas tardé à mettre en œuvre son programme pour une « Indonésie qui avance » (Indonesia Maju).
États-Unis/Taïwan : le temps de la confusion stratégique
En s’opposant à la volonté de la Chine d’annexer Taïwan, les États-Unis d’Amérique contribuent, depuis des décennies, au maintien du statu quo, toute tentative d’invasion chinoise entraînant, avec une potentielle intervention américaine, le risque d’une nouvelle guerre mondiale. Mais dans l’agitation suscitée par les conséquences internationales du retour au pouvoir de Donald Trump, une question sème le trouble dans les esprits : à l’égard de Taïwan, quelle sera l’attitude d’une administration dédaigneuse des alliés des États-Unis mais obsédée par la compétition avec la Chine ?