Les Bidenomics combinent plusieurs grandes lois (American Rescue Plan, Infrastructure Investment and Jobs Act, CHIPS and Science Act, Inflation Reduction Act) et un certain nombre d’actions exécutives. Résumées par un rapport de la Maison-Blanche de juin 2023, elles ont d’abord engagé une relance post-Covid-19, puis la remise à niveau des infrastructures du pays, la transition écologique et la recherche et développement. S’y ajoute un protectionnisme assumé, visant à entraver la concurrence technologique de la Chine. D’autres marqueurs d’une politique économique de gauche sont également présents, tels que le soutien aux syndicats et la lutte contre les monopoles dans le secteur de la tech. Les investissements se chiffrent en milliers de milliards de dollars.
La gauche du parti démocrate se fait discrète sur ses critiques, même si elle regrette des réformes inabouties sur la réduction de la dette étudiante et la fiscalité. De son côté, la droite trumpiste attaque l’administration tous azimuts, mais reste assez d’accord avec le principe d’un État fort et protectionniste.
Les critiques les plus sérieuses viennent des libéraux, consternés par ce tournant idéologique. Leur dénonciation des dépenses publiques récentes comme facteur d’inflation et de dette publique ont une certaine validité, mais leur critique principale tient plutôt au péché que constitue à leur yeux la conduite d’une politique industrielle par l’État et la remise en cause du libre-échange.
Enfin, le Progressive Policy Institute, aux vues démocrates modérées, déplore un intérêt trop marqué des bidenomics pour l’emploi industriel, qui n’occupe désormais que 8,3 % de la population active. Non seulement cette attitude passéiste n’est pas efficace, mais elle expliquerait aussi le manque de succès, pour l’instant, de cette nouvelle politique économique auprès d’une majorité des électeurs américains.