Les think tanks américains sous Trump 2. Le "blob" en péril ?

Principalement voués aux questions de politique étrangère, les think tanks de Washington jouent un rôle clé de réflexion et d’expertise au service du gouvernement fédéral, auquel ils fournissent par ailleurs des cadres d’élite à l’occasion des alternances politiques. Le trumpisme vient aujourd’hui en bousculer les codes et le fonctionnement.

Cette riche industrie s’est constituée à partir des années 1910 : dans le contexte de l’ère progressiste, elle établit alors une approche technocratique du gouvernement et repose sur la philanthropie privée. Après 1945, de nouveaux centres financés par le gouvernement fédéral et les grandes entreprises d’armement accompagnent la mue du pays en superpuissance stratégique et militaire. En version non partisane ou néo-conservatrice, ils sont à peu près tous au service du consensus internationaliste libéral de l’après-guerre.
Dès les années 2010, lorsque le terme moqueur de « blob » leur est accolé par le conseiller de Barack Obama, Ben Rhodes, on leur reproche un conformisme intellectuel ayant couvert les guerres en Afghanistan et en Irak, ainsi qu’un modèle de financement qui autorise l’opacité de leurs donateurs. Ironiquement, le désengagement de l’état trumpien risque aujourd’hui d’augmenter la part de leurs financements venus de l’étranger ou d’acteurs privés poursuivant des agendas particuliers.
Têtes de pont au sein d’un vaste ensemble pro-Trump, la Heritage Foundation, le America First Policy Institute et le Claremont Institute viennent contester l’ordre établi du « blob » et défendre un programme America First nationaliste et conservateur. Malgré des opinions différentes sur le rôle des États-Unis dans le monde (importance de la force militaire ou position restrainer), sur l’importance de la menace chinoise (prioritizers) ou sur le poids de l’alliance avec Israël face à l’Iran, ils ont en commun le rejet de l’ordre international libéral et des élites de la capitale. Ils ont fourni de nombreux responsables à l’administration Trump 2. Face à leur radicalité politique, certains think tanks plus anciens questionnent leur propre tradition non partisane.
La décision du président Trump de frapper l’Iran aux côtés des Israéliens à la mi-juin 2025 constitue en première analyse une preuve supplémentaire de sa volatilité et du court-termisme stratégique inhérent à son unilatéralisme. Mais les néo-conservateurs partisans des interventions militaires et du changement de régime y voient sans doute le signe de leur possible retour en grâce. Faut-il les croire ?
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