Crimée, retour du passé et fuite en avant

Revue des deux mondes, juin 2014, p. 63-71
L’annexion de la Crimée repose, de manière moins inattendue que brutale, la « question russe ». Cette crise peut se lire comme la première conséquence de la démilitarisation européenne et de la remilitarisation russe (1). Depuis la fin de la guerre froide, les dirigeants européens se sont militairement dévalués en voulant toucher les dividendes de la paix. À la différence de Vladimir Poutine, il semblerait qu’ils aient oublié les enseignements de Machiavel, pour qui « un prince ne peut avoir d’autre objectif, d’autre pensée que la guerre et ne doit donner d’autre objet à son art que son organisation et sa discipline » (2), d’autant que « le fondement de tout État, c’est une bonne armée » (3). Les dirigeants européens se retrouvent face à une « surprise stratégique » : une prise de guerre, sans coup férir, d’une entité territoriale à forte valeur stratégique appartenant à un pays indépendant depuis 1991 par la deuxième puissance nucléaire mondiale, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, et, à ce titre, garante de l’ordre international...
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