La politique russe de recrutement de combattants et d’ouvrières en Afrique subsaharienne
La guerre russo-ukrainienne, déclenchée le 24 février 2022, s’est rapidement internationalisée. La Russie et l’Ukraine se sont très vite efforcées de mobiliser leurs alliés afin d’obtenir un soutien politique et diplomatique, ainsi que des ressources militaires et économiques. Mais les deux belligérants ont aussi cherché à recruter des étrangers à titre privé pour soutenir leurs efforts de guerre respectifs. Cette politique est globale et s’étend de l’Amérique latine à l’Extrême-Orient. L’Afrique subsaharienne, dans ce panorama, présente un intérêt particulier car elle constitue un vivier de recrutement vaste et facilement accessible, en raison de taux de pauvreté élevés dans la plupart des pays de la zone conjugués à un important désir d’émigration.
Cette étude sur la politique de recrutement russe en Afrique subsaharienne met en lumière les éléments suivants :
- La Russie mène une campagne de recrutement de main-d’œuvre féminine et de combattants non professionnels en Afrique subsaharienne pour soutenir son effort de guerre ;
- Cette campagne est orchestrée par des réseaux russo-africains et est particulièrement attractive pour une jeunesse urbaine pauvre qui conçoit l’émigration économique comme une solution pour une vie meilleure et comprend que l’Europe est une destination de plus en plus inaccessible ;
- Majoritairement animées par une motivation économique, les personnes recrutées sont souvent trompées par des offres de formation et d’emploi mensongères ;
- Ces recrutements abusifs et trompeurs s’apparentent à une forme de trafic d’êtres humains dont la conséquence la plus tragique est l’envoi sur le front de mercenaires amateurs comme « chair à canon ». Pour certains, cette aventure migratoire dans une guerre étrangère est un aller sans retour et, pour beaucoup, la guerre est un piège qui se referme sur eux ;
- Les gouvernements africains commencent désormais à réagir contre cette politique de recrutement abusif. Si la plupart des gouvernements ont oscillé entre indifférence et évitement du problème, depuis cet automne des enquêtes ont été déclenchées dans plusieurs pays et les gouvernements kenyan et sud-africain ont réclamé à Moscou le rapatriement de leurs concitoyens servant dans l’armée russe. D’autres gouvernements africains les suivront certainement, ce qui va exposer davantage la politique de recrutement russe.
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