L'Alliance : un point de vue d'Europe centrale
Dans l’Alliance qui entend faire face à des défis nouveaux, la Pologne tient toute sa place. Varsovie soutient naturellement tout ce qui peut consolider le lien entre les États-Unis et l’Europe. Mais elle favorise aussi le développement des capacités de l’UE, en complément de celles de l’Alliance. Et si la Pologne reste en faveur de l’élargissement à l’Ukraine et à la Géorgie, elle souhaite également l’approfondissement de la coopération avec Moscou.
Le moment est opportun pour évaluer les problèmes posés à L’Alliance : les anniversaires célébrés en cette année 2009 revêtent une importance particulière pour l’Organisation de l’Atlantique nord et pour la Pologne.
En mars, cela a fait dix ans que la vague d’élargissements de L’Alliance a englobé la Pologne, et l’on a fêté en mai le cinquième anniversaire de l’entrée du pays dans l’Union européenne (UE). Au sommet de Strasbourg/Kehl, les Alliés ont célébré le 60e anniversaire de la création de L’Alliance, en prenant une importante décision : la mise au point d’un nouveau concept stratégique. Ce qui permet d’espérer qu’au prochain sommet des chefs d’État et de gouvernement de Lisbonne, l’OTAN sera dotée d’un nouveau cadre stratégique, adapté aux évolutions de l’environnement international, et aux besoins des temps actuels en matière de sécurité. L’ambition de Varsovie est naturellement, comme celle des autres capitales, de participer activement à la mise en forme de ce nouveau document. Lancien ministre polonais des Affaires étrangères Adam D. Rotfeld est d’ailleurs membre du groupe des sages qui doit préparer le document préliminaire du nouveau concept stratégique.
Ce temps d’anniversaires est propice à l’évaluation des dernières réalisations de l’OTAN : c’est une évidente success story. L’Alliance demeure sans aucun doute possible le pilier central de la sécurité et de la défense de ses membres, parce qu’elle leur apporte des garanties crédibles et efficaces. L’Alliance reste pertinente en particulier du fait des adaptations internes qu’elle a connues, de la poursuite de l’élargissement et du développement de ses relations avec tout un spectre de partenaires qui peuvent contribuer à ses efforts dans des régions clés pour la sécurité euro-atlantique.
Ces derniers temps, l’OTAN est ainsi devenue un important facteur de sécurité et de stabilisation dans des régions très lointaines. Elle a su s’adapter efficacement à de nouveaux besoins de sécurité et se préparer à répondre à des menaces, à des défis d’une nature nouvelle.
Dans les dix années qui viennent de s’écouler, la Pologne, comme État d’Europe centrale, a contribué de manière significative à ces changements, s’avérant être « un Allié fiable et crédible, par tous les temps » et montrant sa compréhension du nécessaire équilibre entre les droits et les obligations qui résultent de l’adhésion à l’Alliance. Dans le débat stratégique actuel, la Pologne n’entend donc pas se focaliser sur la question de l’utilité de L’Alliance, mais plutôt sur ce qui pourrait être fait pour la rendre plus efficace, et pour maintenir sa pertinence et sa bonne santé dans les décennies à venir.
PLAN DE L’ARTICLE
- L’OTAN au XXIe siècle
- Le lien transatlantique
- L’élargissement
- Garder la Russie dans le jeu
Bogdan Klich est ministre de la Défense de la République de Pologne.
Texte traduit de l’anglais (Pologne) par Gregory Danel.
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