Trump, l'OTAN et la défense de l'Europe
Dans ce nouvel épisode du podcast "Le Monde selon l'Ifri", Marc Hecker, directeur exécutif de l'Ifri, s'entretient avec Élie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l'Ifri. La discussion analyse les bouleversements des relations transatlantiques et leurs répercussions sur l'OTAN, notamment depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Au cœur de ces transformations :
- Une exigence américaine de "priorisation", demandant aux Européens de "prendre en charge" la défense conventionnelle du continent.
- Une remise en question des valeurs fondamentales partagées, comme la démocratie et la liberté, par des figures comme J.D. Vance, face au soutien à des partis populistes européens.
- Une vision géopolitique inédite de Donald Trump, où les grandes puissances pourraient chercher des "arrangements" aux dépens des alliés, allant jusqu'à menacer ses proches partenaires.
Face à ces bouleversements, le dernier Sommet de l’OTAN qui s’est tenu les 24 et 25 juin derniers à La Haye a été un moment charnière. Les alliés y ont acté un changement majeur en rehaussant l'objectif de dépenses de défense à hauteur de 5% du PIB à l'horizon 2035.
Fin de la discussion sur le "partage du fardeau" (burden sharing). La nouvelle doctrine est celle du "transfert du fardeau" (burden shifting), exigeant que les Européens portent désormais la majeure partie de la charge défensive. Une ambition colossale, quand on se souvient que l'objectif précédent de 2% fixé en 2014 n'est toujours pas atteint par la totalité des membres de l’organisation.
Décryptage de l'objectif des 5% :
- 3,5% sont dédiés au "cœur de la défense", répondant directement aux besoins capacitaires et aux plans de défense de l'OTAN face à des menaces comme la Russie.
- 1,5% sont alloués à des dépenses de "résilience et d'infrastructures" (mobilité militaire, routes, ponts, et même potentiellement la santé), un cadre plus large permettant d'atteindre le chiffre rond de 5%. Notons d'ailleurs que les aides militaires à l'Ukraine seront également incluses dans ce décompte.
La capacité à atteindre ces cibles varie fortement : si la Pologne et les États baltes sont déjà au-delà des 3,5%, et les pays nordiques ainsi que l'Allemagne (avec son "bazooka budgétaire" de 500 milliards d'euros) semblent avoir les moyens, d'autres nations comme la France, le Royaume-Uni, l'Espagne ou l'Italie sont confrontées à des défis budgétaires majeurs. Un fossé risque de se creuser entre les ambitions affichées et la réalité financière.
Mais au-delà des chiffres, la question cruciale est : comment cet argent sera-t-il dépensé ? Le débat fait rage entre l'acquisition de matériel "sur étagère" américain et le développement d'une Base Industrielle et Technologique de Défense Européenne (BITD) forte. L'Union européenne pousse désormais ses membres à dépenser davantage en Europe, avec une cible de 65% de valeur produite sur le continent (voire 80% pour la France). L'enjeu est la souveraineté, les délais de livraison et le contrôle opérationnel, face à un risque de pression commerciale américaine.
Ce sommet marque-t-il le début d'une véritable autonomie stratégique européenne, ou les alliés finiront-ils par céder aux pressions américaines pour des gains commerciaux ? L'avenir de la défense européenne est plus que jamais sur la table.
>> Ce podcast est disponible sour toutes les plateformes : https://podcast.ausha.co/le-monde-selon-l-ifri/trump-l-otan-et-la-defense-de-l-europe
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