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Russie-Chine : Pour Xi Jinping, le nouveau monde passe par Moscou

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interrogé par Arnaud Vaulerin dans

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Le président chinois arrive ce lundi à Moscou pour une visite d’Etat de trois jours qui vise à renforcer les relations avec Vladimir Poutine. Un partenariat dominé par le régime de Pékin, qui entend refonder l’ordre international à son profit.

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Xi Jinping et Vladimir Poutine
Xi Jinping et Vladimir Poutine
Salma Bashir Motiwala/Shutterstock
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La «nouvelle ère» part un peu de travers. En arrivant pour une visite d’Etat à partir de ce lundi en Russie, le président chinois Xi Jinping entendait approfondir avec son homologue russe des «relations de partenariat exhaustif et de relation stratégique entrant dans une nouvelle ère», selon les mots du Kremlin, vendredi. Mais le mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, émis quelques heures plus tard par la Cour pénale internationale (CPI) pour le crime de guerre de «déportation illégale» d’enfants ukrainiens, vient quelque peu gâcher les retrouvailles.

Il n’est pas dit pour autant qu’il fragilise Xi Jinping. Certes, le président chinois cultive une proximité de raison avec le chef du Kremlin. A peine désigné, c’est à Poutine qu’il avait réservé sa première sortie à l’étranger en mars 2013. Depuis, les deux hommes se sont vus une quarantaine de fois et ont resserré leurs liens sur le dos des Etats-Unis, en multipliant traités d’amitié et de coopération et partenariats constructifs. Déjà, en 2001, la Chine et la Russie avaient créé l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), notamment pour s’opposer à l’hégémonisme américain.

Un président paria

«Ce forum lancé avec six pays a gagné en attractivité et s’est élargi à l’Inde, au Pakistan et à l’Iran. Il permet à la Russie et à la Chine de mettre à l’écart les puissances occidentales et d’aborder les questions sécuritaires et économiques même si les avancées concrètes ne sont pas évidentes», analyse Marc Julienne, responsable au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Si les Russes et les Chinois ont été et restent les parrains de l’OCS, le tête-à-tête économico-stratégique que Xi et Poutine forment depuis dix ans a vite tourné à l’avantage du premier. La guerre en Ukraine n’a fait qu’accélérer ce déséquilibre. Même si Poutine a paradé dimanche dans les rues de Marioupol pour défier la CPI et s’afficher en chef de guerre, c’est un président paria isolé, embourbé et désormais recherché qui rencontre son homologue chinois à partir d’aujourd’hui pour des discussions économiques et stratégiques à forte tonalité anti-occidentale. Et un président qui a terriblement besoin du soutien commercial et technologique de Pékin.

Xi arrive, lui, en homme fort à Moscou. Il vient d’être sacré par le PC pour un inédit troisième mandat à la tête du pays. Le gouvernement est renouvelé, la diplomatie remusclée. Sous le contrôle de Xi, l’appareil d’Etat semble en ordre de marche et stable, surtout après la fin du grand verrouillage de la politique «zéro Covid». Le décalage est réel face aux Etats-Unis qui entrent en effervescence électorale pour la présidentielle de 2024 et doivent toujours composer avec un Donald Trump complotiste et disruptif.

«Aucun contact avec Zelensky»

Sur la scène internationale, Xi Jinping peut également se targuer d’avoir réussi un joli coup diplomatique avec l’annonce à Pékin du rétablissement des relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, le 10 mars. Le président chinois s’est invité par surprise au Moyen-Orient, dans le jardin des Américains. Au moment où les foyers de tension – de l’affaire des ballons à la bataille sur les microprocesseurs, de Taiwan aux Ouïghours du Xinjiang – se multiplient entre Pékin et Washington, Xi entend de plus en plus installer la Chine dans le paysage des puissances responsables et médiatrices. Et déployer une «diplomatie de grand pays», selon son souhait.

Est-ce une nouvelle affirmation de Pékin qui amorcerait un virage dans sa politique diplomatique ?

«Il est trop tôt pour le dire, répond Marc Julienne, de l’Ifri. La Chine a souvent été en retrait des affaires de sécurité internationale qui n’étaient pas dans son intérêt. Ce qui ne l’impacte pas directement ne la concerne pas. La neutralité qu’elle défend sur le dossier n’est pas crédible : en treize mois de conflit, Xi Jinping n’a eu aucun contact avec Volodymyr Zelensky.»

Jusqu’à présent, le régime chinois s’est également refusé à condamner l’agression et le viol de la souveraineté ukrainienne par son partenaire, renvoyant presque dos à dos agressé et agresseur. Il préfère critiquer les «sanctions unilatérales» contre la Russie.

«Les autorités chinoises n’ont fait qu’avancer du bout des lèvres quatre plans ou propositions de paix depuis le début du conflit, sans aucune initiative concrète, ni calendrier, reprend Marc Julienne. Faites le parallèle avec les réalisations de la Turquie [ accord céréalier et rencontres bilatérales, ndlr].»

[...]

>> Retrouver l'article en intégralité sur le site de Libération

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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