Comment expliquer le recul démographique de la Chine, dix ans après la fin de la politique de l'enfant unique ?
Le pays communiste a vu sa population reculer pour la troisième année consécutive, avec davantage de décès que de naissances.
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Plus d'hommes que de femmes
Pourquoi un tel revirement ? Avec moins de naissances, la pyramide des âges s'est inversée, plaçant de plus en plus d'aînés au sommet et de moins en moins d'enfants à la base. Le taux de fécondité, c'est-à-dire le nombre moyen d'enfants que les femmes chinoises mettent au monde au cours de leur vie, s'élevait seulement à 1 enfant par femme en 2023, selon les données du World Bank Group.
A cela s'ajoute un déséquilibre entre les sexes, un héritage direct de la politique de l'enfant unique. "On compte plus d'hommes que de femmes", note Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Le dernier recensement datant de 2024 dénombre environ 104,34 hommes pour 100 femmes, selon l'agence de presse chinoise ECNS.
"C'est une conséquence tragique d'une préférence ancienne pour les garçons avec des avortements sélectifs et infanticides de petites filles." - Marc Julienne, Directeur du Centre Asie de l'Ifri.
Le vieillissement de la population crée un fardeau économique, mis en évidence par le pouvoir chinois. Moins d'enfants, c'est moins d'actifs à l'avenir et plus de retraités à soutenir. "Sur les plans économique, social et politique, et même lorsqu'on se projette sur les années à venir, la démographie reste le facteur le plus déterminant et le plus écrasant pour la Chine", relève Marc Julienne.
Avoir un enfant coûte cher
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Pour Marc Julienne, le coût de la vie est l'un des freins à une relance de la natalité.
"Il suffit de parler à un jeune actif en Chine pour entendre un constat : l'éducation, le logement et la santé coûtent trop cher. Et les dispositifs publics existants restent insuffisants pour alléger ces dépenses." - Marc Julienne, Directeur du Centre Asie de l'Ifri.
Pour espérer inverser la tendance, les autorités peuvent "améliorer l'accueil de la petite enfance, mieux soutenir l'école et renforcer l'aide aux personnes âgées", plaide Isabelle Attané. Et ce, même si "dans la Chine actuelle, telle qu'elle est dirigée, l'idée même d'aides sociales ou de transferts d'argent vers la population peut être perçue comme une forme d'assistanat", observe Marc Julienne.
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Des incitations mais peu d'effets
En parallèle, l'absence de système de retraite universel pousse les familles à épargner pour leurs parents âgés et leur propre retraite. "En Chine, nous sommes dans un système confucéen où la piété filiale reste très forte", rappelle Marc Julienne. Les jeunes générations se retrouvent souvent à soutenir parents et enfants, un équilibre financier précaire qui peut expliquer en partie la baisse durable des naissances.
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> Lire l'article dans son intégralité sur le site de Franceinfo.
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