Donald Trump veut un "deal" avec la RDC et le Rwanda : que faut-il attendre de la rencontre entre les trois présidents à Washington ce jeudi ?
La rencontre sera d’autant plus scrutée que les relations entre les deux hommes sont devenues exécrables. Les présidents du Rwanda, Paul Kagame, et de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, seront reçus jeudi par Donald Trump dans le bureau ovale à Washington pour ratifier l’"accord de paix", paraphé le 27 juin par les chefs de la diplomatie des deux pays voisins. Le texte engage les deux pays à une meilleure relation sécuritaire, au "respect mutuel de la souveraineté, de l’intégrité territoriale […] à promouvoir le plein respect des droits de la personne et du droit international humanitaire". Les deux chefs d’Etat doivent également donner suite au Cadre régional d’intégration économique (REIF) adopté début novembre et qui scelle la promesse d’une coopération économique entre Kinshasa et Kigali, si la paix est bel et bien atteinte durablement à l’est de la RDC.
Sur le papier, ces objectifs de "paix" paraissent louables. "Ça traite la question centrale qui est au cœur de cette région troublée : la question de la guerre économique", analyse Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), "c’est donc une tentative de mettre fin à cette guerre économique".
Pour autant est-ce réaliste ?
"C’est un processus en trois temps. Il y a trois accords qui sont censés se suivre pour déclencher une dynamique de paix dans la région des Grands-Lacs. C’est donc complexe", admet le chercheur. "Cela nécessite que ces trois temps fonctionnent et que les signataires respectent leurs engagements. Ce qui a souvent été démontré comme étant peu crédible dans la région".
[...]
Le business avant tout
Qu’est-ce qui motive Donald Trump à pousser la RDC et le Rwanda à conclure un "accord de paix" dans son bureau ovale ? Des objectifs louables, vraiment ?
En réalité, la sécurité des Congolais importe peu, tant les enjeux économiques dans cette région des Grands Lacs, riche en minerais stratégiques, sont immenses.
La menace des FDLR n’est qu’un prétexte. "Ça fait des années que c’est un prétexte", observe Thierry Vircoulon. "L’armée rwandaise n’est pas menacée par les FDLR qui sont moins de 2000 combattants. Elle a prouvé militairement qu’elle était la plus forte dans la région. Le problème vient du fait que les accords miniers passés entre Kigali et Kinshasa n’ont pas été respectés".
Tshisekedi piégé
"Le président a toujours souhaité cette intégration régionale", assure la porte-parole de Félix Tshisekedi, Tina Salama, "mais le respect des accords implique le respect de la souveraineté de notre pays, le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et le rétablissement de la confiance mutuelle".
C’est Félix Tshisekedi qui a proposé à Washington de faire un "deal" sur les minerais critiques. "Quand il a vu que Donald Trump faisait un deal avec Zelensky sur les minerais critiques en Ukraine", raconte Thierry Vircoulon, "il a voulu jouer aussi cette carte en disant au président américain, nous aussi, on a plein de minerais, donc pourquoi ne pas faire un deal avec nous ?".
> Lire l'article dans son intégralité sur le site de RTBF.
Média
Journaliste(s):
Format
Partager