Après Helmut Kohl et Angela Merkel, Friedrich Merz sera le troisième chancelier allemand à être reçu par un président français au fort de Brégançon, dans le Var. Jeudi soir, il y retrouvera Emmanuel Macron pour une discussion en équipe restreinte, puis en tête-à-tête, avant un Conseil des ministres franco-allemand et un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité le lendemain, à Toulon.

Réunissant dix ministres de chaque côté, la rencontre entend se placer sous le signe d'une énième relance de la relation, alors que le gouvernement de François Bayrou semble à la veille de sa chute. « La situation politique va forcément compliquer les choses », juge Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes à l'Ifri. De son côté, Friedrich Merz, au pouvoir depuis mai, a multiplié les déplacements à l'étranger, gagnant sur la scène intérieure allemande le surnom de « chancelier des affaires étrangères ».

[...]

Après leur tribune commune au printemps, les deux dirigeants cherchent à concrétiser leurs velléités d’améliorer la compétitivité et la défense de l’Europe via des initiatives ou des agendas communs. Un objectif devenu très difficile au vu de la situation politique en France.

Turbulences pour le SCAF

Sur le fond, les questions de défense vont surtout focaliser l’attention. Le projet franco-allemand de système de combat aérien du futur (SCAF) traverse des turbulences, après que Dassault a proposé de revoir l’organisation et de désigner un leader.

[...]

Lancé en 2017, le SCAF est composé d’un pilier avion de combat (NGF) ayant Dassault pour chef de file, et de piliers « cloud de combat » et drones menés par les filiales allemande et espagnole d’Airbus.

[...]

Nucléaire : un chancelier « plus pragmatique »

Une kyrielle d’autres sujets seront abordés, notamment celui de l’énergie nucléaire, pomme de discorde entre Emmanuel Macron et le prédécesseur de Friedrich Merz, le social-démocrate Olaf Scholz, chancelier de 2021 à 2025.
A l’Elysée, on veut croire que le nouveau gouvernement allemand est moins hostile au nucléaire : on souligne la conversion de Berlin à la « neutralité technologique » vis-à-vis des différentes sources d’énergie décarbonées.

[...]

Tensions sur le commerce

Autre sujet de tension, le commerce international. Face à l’augmentation des droits de douane américains, Berlin insiste plus que jamais sur la nécessité pour l’Europe de diversifier ses débouchés en nouant des accords de libre-échange. Or, la France rejette toujours le texte signé avec les pays latino-américains du Mercosur.

[...]

Paris et Berlin comptent avancer sur des sujets plus consensuels comme l’union des marchés de capitaux de l’Union européenne ou les investissements dans les secteurs d’avenir comme l’IA, le cloud ou l’espace. « Il y a une vraie attente de la part des autres pays européens, car sans entente entre les deux plus grands pays de l’Union, rien ne peut avancer », souligne Paul Maurice.

>> Cet article est disponible sur le site Les Echos (réservé aux abonnés).