Des jumeaux mal en point : le SCAF et le Char du futur et la coopération franco-allemande
Le système de combat aérien du futur (SCAF) et le char du futur (MGCS) sont les derniers projets issus d’une coopération d’armement, franco-allemande s’étendant sur les 70 dernières années. Le SCAF et le MGCS incarnent une coopération franco-allemande ancrée au cœur du projet européen.

"Le système de combat aérien du futur (SCAF) et le char du futur (MGCS) sont les derniers projets issus d’une coopération d’armement, franco-allemande s’étendant sur les 70 dernières années. Le SCAF et le MGCS incarnent une coopération franco-allemande ancrée au cœur du projet européen. Le développement par des acteurs européens d’équipements militaires sophistiqués, produits par la base industrielle et de défense européenne, participe de l’autonomie stratégique et de la souveraineté industrielle européennes. La réussite ou l’échec de ces programmes d’armement, qui ont réussi à fédérer entre-temps d’autres partenaires européens, revêt par conséquent une grande valeur symbolique et politique.
Depuis leur lancement en 2017, les deux programmes ont été l’objet de luttes internes portant sur le partage du travail et les spécifications des équipements, ce qui a entraîné des retards répétés, qui ont nécessité des interventions au plus haut niveau politique. Deux réalités contrastées semblent ainsi coexister, créant une dissonance cognitive : une réalité politique, qui insiste sur la promesse d’une coopération franco-allemande, et une réalité industrielle, dans laquelle des entreprises clés critiquent haut et fort la coopération en cours.
La coopération entre États souverains, quel que soit leur alignement stratégique, est par nature une entreprise difficile. Même si de nombreux facteurs, nouveaux ou anciens, pèsent sur le développement du MGCS et du SCAF, et plus largement sur la relation bilatérale, il serait hâtif d’interpréter ces difficultés bien réelles comme les signes annonciateurs de la fin imminente de ces programmes. Tout comme il y a un « coût de la non-Europe », il y a un « coût de la non-coopération franco-allemande ».
L’avenir des deux programmes d’armement franco-allemand et plus généralement de la coopération de défense franco-allemande s’articulera autour de quatre scénarios : « Continuer la bataille », « Abandon de la mission », « Opérations de sauvetage » et « Acceptons d’être en désaccord ».
Johanna Möhring est spécialisée dans la sécurité et la défense européennes. Titulaire d'un doctorat en sciences politiques, elle est chercheure associée au Centre Thucydide, Paris-Panthéon-Assas et Associate Fellow au Center for Advanced Security, Strategic and Integration Studies (CASSIS) à la Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn. Elle est ambassadrice de Women in International Security (WIIS) France.
Cette publication est disponible en anglais : Troubled Twins: The FCAS and MGCS Weapon Systems and Franco-German Co-operation (PDF).
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analyses2001-2025 : guerre globale contre le djihadisme
Malgré des moyens considérables dédiés à la guerre globale contre le terrorisme, la menace djihadiste n’a pas disparu.
L’Iran face à ses limites : 10 points sur les causes structurelles d’une cassure tactique
Proxies régionaux. Soutien de Moscou. Latence nucléaire. Dissuasion balistique. L’équilibre sur lequel Téhéran avait bâti sa doctrine a chancelé — avec une rapidité impressionnante. Une semaine après l’annonce d’un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, il est possible de dresser un bilan détaillé des raisons structurelles qui ont permis à Tel Aviv de déjouer les plans de la République islamique et de dégager des perspectives.
Repenser la fonction « Protection – Résilience ». Un nécessaire changement de paradigme face à un environnement qui se durcit
La France comme les autres pays européens est confrontée de manière directe, tout particulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine, à une stratégie hybride de déstabilisation mise en œuvre par la Russie. Cette stratégie se matérialise dans l’ensemble des champs et des milieux possibles d’affrontement et a pour objectif, outre de saper le soutien occidental à l’Ukraine, d’affaiblir les pays européens avec lesquels la Russie se perçoit dans une confrontation systémique de long terme.
Réformer les commandements de l’OTAN. Entre européanisation, émergence de nouveaux leaders et rôle des États-Unis
Au moment où le Sommet de l'OTAN se tient à La Haye du 24 juin au 25 juin 2025, la réélection de Donald Trump à la présidence américaine interroge profondément la nature du lien transatlantique. Si les garanties de sécurité de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), article 5 et dissuasion nucléaire notamment, ne sont pour l’instant pas officiellement remises en cause ou amoindries, des projets de la nouvelle administration portent sur le désengagement de fonctions au sein de l’Alliance, en particulier le poste de SACEUR (Supreme Allied Commander Europe).