Between Aspiration and Reality: Russia in the World (Dis)order
Le monde a rarement semblé aussi désordonné qu'aujourd'hui. Mais dans cet environnement anarchique, certaines choses sont constantes.
La politique étrangère de Poutine est centrée sur l'idée que la Russie a été, est et sera toujours une grande puissance, jouant un rôle de premier plan dans les affaires mondiales. Cette conviction repose sur plusieurs piliers : l'exercice du pouvoir souverain, le messianisme civilisationnel, l'identification avec le Sud global, et un sentiment durable de griefs et d'insécurité.
Les ambitions de grande puissance de Poutine se heurtent à des contraintes considérables. La guerre en Ukraine a révélé les faiblesses de la tant vantée puissance militaire russe, et a anéanti les espoirs persistants d'un équilibre géopolitique entre les États-Unis et la Chine. Les liens économiques avec l'Europe ont subi d'énormes dommages. La dépendance stratégique à l'égard de la Chine s'est considérablement accrue. Et l'influence de Moscou dans l'espace post-soviétique s'est érodée.
Néanmoins, il serait prématuré de faire une croix sur les perspectives de la Russie. Il s'agit d'une puissance diminuée, mais les lacunes des autres peuvent ouvrir des opportunités pour restaurer sa position et son influence. Poutine mise sur la "lassitude" croissante de l'Occident à l'égard de l'Ukraine, et une victoire de Trump aux élections présidentielles américaines de 2024 pourrait pourrait changer la donne. Toute dilution du soutien occidental à l'Ukraine renforcerait les perspectives stratégiques de la Russie et encouragerait les penchants agressifs de Poutine.
Bobo Lo est chercheur associé au centre Russie / Eurasie de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Il est également chercheur non résident au Lowy Institute, à Sydney en Australie, et au Centre d'analyse des politiques européennes (CEPA) à Washington D.C. Auparavant, il était chef du programme Russie et Eurasie à Chatham House et chef de mission adjoint à l'ambassade d'Australie à Moscou.
Dr. Lo a écrit plusieurs livres, tels que A Wary Embrace: What the China-Russia Relationship Means for the World, (Penguin Australia, 2017); Russia and the New World Disorder (Brookings and Chatham House, 2015); et Axis of Convenience: Moscow, Beijing and the New Geopolitics (Brookings and Chatham House, 2008).
Ce contenu est uniquement disponible en anglais : Between Aspiration and Reality: Russia in the World (Dis)order.
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesRussie - [URSS] - Russie
De Nicolas II à Vladimir Poutine, la Russie est passée, au cours du XXᵉ siècle, par bien des métamorphoses. À l'empire tsariste d'avant la Première Guerre mondiale succède l'Union des républiques socialistes soviétiques, l'URSS, dont la vocation révolutionnaire internationaliste exprimée par Lénine cède à l'impérialisme soviétique, continental avec Staline, mondial avec Khrouchtchev et Brejnev. Devenue une superpuissance après 1945, la « patrie du socialisme » ne peut résister à l'éclatement de l'empire qu'annonce la chute du mur de Berlin, en 1989 : en 1991, la Russie renaît donc sur les débris de l'empire, et, avec elle, une nouvelle page de l'histoire russe s'ouvre devant les yeux inquiets du monde. Mais en dépit de ses spécificités et des tensions diverses qui l'ébranlent, entre Nord et Sud, Orient et Occident, christianisme et islam, la Russie fédérale entend bien s'intégrer enfin dans la communauté des grands États et cesser d'être considérée comme un acteur à part des relations internationales.
La dissuasion nucléaire russe à l'épreuve de la guerre en Ukraine
Dès le lancement de son « opération militaire spéciale » (SVO) contre l’Ukraine, le 24 février 2022, le Kremlin, qui dispose de l’un des plus vastes arsenaux nucléaires au monde, a adopté des mesures de dissuasion agressives et une rhétorique résolument menaçante.
La Moldavie face à son destin. Les enjeux d'une élection législative décisive
À l’occasion de la fête nationale moldave, le 27 août 2025, Chișinău a accueilli une délégation européenne de premier plan, composée d’Emmanuel Macron, de Friedrich Merz et de Donald Tusk, qui ont souhaité réaffirmer leur soutien à la souveraineté et au cap pro-européen du pays. Cette visite inédite et hautement symbolique est intervenue à un moment charnière : la Moldavie s’apprête à vivre une élection législative décisive le 28 septembre prochain, dont les enjeux dépassent largement le cadre national.
La guerre comme ascenseur social. L'impact socio-économique du keynésianisme militaire russe
Pour financer l’effort de guerre, l’État russe a dépensé des sommes considérables et mis en place une forme de « keynésianisme militaire », qui transforme la société sur les plans socio-économique et culturel. Il rééquilibre partiellement les importants écarts de richesse, de niveau de consommation et de prestige social de la société russe en accordant des avantages financiers et symboliques importants à la Russie périphérique, longtemps oubliée par le pouvoir central.