L’Iran, grand gagnant de la politique chinoise au Moyen-Orient ?
Le 10 mars dernier, la révélation d’un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran obtenu via une médiation chinoise prend par surprise les observateurs et diplomates occidentaux. Sans précédent, l’intervention de Pékin dans le contentieux opposant Riyad et Téhéran confirme ses ambitions grandissantes à l’égard de la région.
- La relation sino-iranienne est asymétrique, l'Iran étant dépendant de la Chine, son premier partenaire commercial, face aux sanctions internationales. Inversement, Téhéran n’est qu’un partenaire parmi d’autres pour Pékin.
- Ces dernières années, la Chine a cherché à rééquilibrer sa politique régionale en renforçant ses liens avec les monarchies du Golfe, ce qui a suscité des inquiétudes en Iran. Or, la révélation de l’accord saoudo-iranien ne montre pas seulement que Pékin s’appuie sur sa proximité tant avec Riyad qu’avec Téhéran. Il laisse transparaître un rééquilibrage de l’espace régional, dont l’Iran pourrait être le principal gagnant.
- L'enjeu des politiques menées par Pékin au Moyen-Orient n’est pas de savoir, si cette expansion peut mener à un conflit dans la zone entre les Etats-Unis et la Chine. Il s’agit plutôt de mesurer combien la compétition entre les deux grandes puissances influe sur les rapports de force locaux, et risque in fine d'ajouter de l'instabilité à la région.
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Un Moyen-Orient entre guerres et recomposition
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Iran et Israël : meilleurs ennemis
L’attaque de missiles iraniens sur le sol israélien le 13 avril 2024, suivie par une riposte d’Israël visant une base militaire proche d’un des principaux sites nucléaires iraniens, fut le point d’orgue d’une guerre multiforme qui oppose les deux pays depuis plusieurs décennies. Alors qu’Israël entretenait les meilleures relations, diplomatiques et même militaires, avec l’Iran du Shah Mohammad Reza Pahlavi, il est apparu très vite qu’il n’en serait pas de même avec la République islamique.
La France a-t-elle encore une politique arabe ?
Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.