Trump-Poutine : logiques et perspectives d'une négociation sur l'Ukraine
Comme prévu, le nouveau président américain, Donald Trump, semble se montrer conciliant avec son homologue russe, Vladimir Poutine, dont les objectifs restent maximalistes : cession de territoires, changement de régime, finlandisation et démilitarisation de l’Ukraine.
Après avoir rejeté en décembre 2024 les propositions avancées par la nouvelle administration américaine – acceptation de facto des annexions, création d’une zone démilitarisée gardée par des forces de maintien de la paix européennes, renoncement à l’entrée de l’Ukraine dans l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) à un horizon de 15-20 ans –, V. Poutine a annoncé le 12 février qu’il acceptait l’ouverture de négociations avec les États-Unis. Dans l’intervalle, en janvier, D. Trump a montré des signes d’irritation qui se sont traduits par un langage peu diplomatique et même des menaces (sanctions, droits de douane, emploi des avoirs russes gelés) contre Moscou, auxquels V. Poutine a eu l’habileté de répondre par la flatterie. Les termes de l’équation ont-ils changé entre décembre 2024 et février 2025 ? Il semble que D. Trump ait accepté de céder sur la faible proposition qu’il avait faite à V. Poutine (et déjà inacceptable pour Moscou, ce qui était prévisible). Ainsi, depuis le 12 février 2025, il n’est plus question de retarder l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN de 15 à 20 ans, mais bien de clore le dossier – c’est probablement dans cette nuance que se situe la véritable concession à la Russie. En outre, Washington confirme vouloir laisser aux Européens la responsabilité – s’ils le souhaitent – de créer une force de garantie de sécurité à l’Ukraine – ce qui semble peu probable, aussi bien parce que Moscou la refusera catégoriquement que parce que la pusillanimité des Européens les empêchera d’agir sans couverture américaine. Par ailleurs, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et les dirigeants Européens, avec lesquels la Russie souhaite depuis longtemps se retrouver en tête à tête (sans leur protecteur américain), semblent exclus des négociations. L’absence, parmi les négociateurs américains, de l’envoyé spécial de Washington pour l’Ukraine, Keith Kellogg, probablement jugé « inamical » par le Kremlin, est aussi révélatrice.
Dimitri Minic est chercheur au Centre Russie/Eurasie de l’Ifri et docteur en histoire des relations internationales de Sorbonne Université. Il est spécialiste de la pensée et de la culture stratégiques russes.
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