05
mai
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Elie TENENBAUM, invité de Florian Delorme dans Cultures Monde de France Culture

De l’Afghanistan à l’Irak, les renoncements américains

Le 11 septembre 2021, le retrait des troupes américaines sera achevé en Afghanistan. Un soulagement pour l'opinion publique, mais leur départ risque de créer un vide favorable aux réseaux terroristes. Quel bilan pour ces guerres contre le terrorisme lancées suite aux attaques du World Trade Center ? 

France Culture

La date n’a pas été choisie au hasard : le 11 septembre 2021, les Etats-Unis commémoreront les vingt ans des attentats de 2001 et le retrait définitif des troupes américaines sera enfin achevé en Afghanistan. Un soulagement pour l’opinion publique américaine qui voit se terminer le plus long conflit de son histoire. Mais les talibans ont fait leur retour et ne cessent d'accroître leur emprise sur le territoire, à tel point que leur accession au pouvoir apparaît désormais inévitable. Alors, à quoi auront servi les vingt années d’une guerre coûteuse et meurtrière pour, au final, rendre le pays à ceux que l’on avait promis d’en chasser, les talibans ? 

La guerre en Irak l’a bien montré : on ne quitte pas impunément un pays après tant d’années de présence armée. Pour beaucoup, en effet, il faut voir dans l’émergence de l’Etat islamique une des conséquences du chaos instauré dans le pays après l’invasion américaine et la gestion désastreuse de l’après-guerre. C’est ici que réside le paradoxe : si, en Afghanistan comme en Irak, les Américains furent perçus comme une force d’occupation étrangère engagée dans des guerres injustes, leur départ risque de créer un vide sur lequel pourraient prospérer les réseaux terroristes. 

Alors, quel est le bilan de ces guerres contre le terrorisme lancées dans le sillage des attentats du 11 septembre ? Pourquoi la politique de « démocratisation » du Moyen-Orient - brandie comme la solution miracle pour éradiquer le terrorisme - a-t-elle échoué ? Les interventions américaines en Irak et en Afghanistan sont-elles autre chose qu’un renoncement ?

Une conversation avec Elie Tenenbaum, responsable du laboratoire de recherche sur la défense de l’Ifri et Myriam Benraad, chercheuse associée à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, Université d’Aix-Marseille.

Fin 2001, la victoire militaire américaine est totale. Al-Qaïda est battu, les camps d'entraînements sont dispersés, les talibans sont en déroute. En 2010-2011, quand les États-Unis quittent l’Irak, Al-Qaïda en Irak est une organisation exsangue. C’est l’incapacité à avoir un projet politique durable et satisfaisant, notamment avec les populations arabes sunnites en Irak, qui va conduire à la réémergence des forces islamistes. La réintervention militaire dans la région est due à un problème politique. Elie Tenenbaum 

"L’arrivée de l’État Islamique en Afghanistan est à lier au contexte sécuritaire chaotique créé par l’intervention militaire américaine. Il faut ajouter à cela qu’une partie de la jeunesse afghane a été témoin de la violence des opérations étatsuniennes et talibanes. Il y a également une grande misère sociale et un dépérissement du politique : d’ailleurs il n’y a pas d’État en Afghanistan au pouvoir actuellement. C’est pourquoi la pire des options l’emporte. La jeunesse fait le choix de l’État islamique, qui ne cesse de progresser à l’est du pays." Myriam Benraad 

 

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