La connectivité centrasiatique au révélateur des crises internationales. Les transports, l’énergie et l’eau entre interdépendance et désenclavements
Du rétablissement de l’Émirat islamique en Afghanistan par les Talibans à la guerre en Ukraine sans oublier le réchauffement climatique, les plus graves crises internationales, qu’elles soient conjoncturelles ou systémiques, impactent de plein fouet la connectivité en Asie centrale, dans les domaines des transports, de l’énergie et de l’eau.
Si la quête, existentielle au sein des pays de cette région enclavée (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan), de partenariats étrangers se trouve légitimée et même encouragée par le contexte troublé dans lequel ils évoluent, leurs démarches entreprises en ce sens depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, tiennent à une volonté flagrante de contourner la Russie, lourdement sanctionnée par les Occidentaux.
Ainsi, les réseaux de transport centrasiatiques se développent dans deux directions : vers l’ouest, avec le Kazakhstan et la mer Caspienne comme maillons essentiels des routes commerciales sino-européennes ; vers le sud, que ce soit par la voie maritime (développement de liaisons portuaires du Kazakhstan et du Turkménistan avec l’Azerbaïdjan et l’Iran) ou par la voie terrestre (création d’une ligne ferroviaire entre l’Ouzbékistan, l’Afghanistan et le Pakistan).
Dans le secteur de l’énergie, le Kazakhstan, entravé par les blocages russes de son principal oléoduc, tourne son regard vers la mer Caspienne pour continuer d’acheminer du pétrole vers les marchés européens. Le Turkménistan destine ses exportations gazières aux marchés chinois et sud-asiatiques, où ses projets, mais aussi ceux du Kirghizstan et du Tadjikistan en matière d’hydro-électricité, sont entravés par les évolutions de la situation en Afghanistan.
Enfin, la question de l’eau met en lumière le paradoxe de pays interdépendants et divisés, entre ceux ayant la main sur les ressources hydriques de l’Asie centrale (Kirghizstan et Tadjikistan) et les autres, situés en aval du Syr-Daria et de l’Amou-Daria (Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan). Si les initiatives se multiplient en faveur d’une gestion intelligente des importantes ressources hydriques de la région, ce sujet reste le plus clivant en Asie centrale, en dépit de l’urgence qu’il revêt.
Michaël Levystone est chercheur associé au Centre Russie/NEI, pour lequel il travaille sur les républiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) et sur la politique étrangère de la Russie.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La connectivité centrasiatique au révélateur des crises internationales. Les transports, l’énergie et l’eau entre interdépendance et désenclavements
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLes commandants russes de la guerre en Ukraine : Purges, remaniements et mécontentements
Les remaniements du haut commandement militaire russe au cours de la guerre en Ukraine ont eu lieu de manière inégale, aussi bien dans le temps que dans les structures des forces armées. Les motifs et le calendrier des décisions prises par Vladimir Poutine concernant les cadres de l’armée défient souvent toute logique.
Les effectifs de l'armée russe après deux ans et demi de guerre en Ukraine
En plus d’une victoire militaire en Ukraine, les dirigeants russes souhaitent constituer d’importants effectifs militaires en vue d’un éventuel conflit avec l’OTAN dans l’espace Baltique et la péninsule de Kola. Les prévisions actuelles comptent sur une augmentation des effectifs militaires russes d’environ 350 000 hommes, pour atteindre un total de 1,5 million de soldats et d’officiers. Dans le contexte du conflit qui se déroule actuellement en Ukraine, cet objectif ne peut être atteint sans une nouvelle vague de mobilisation massive.
La relation russo-iranienne à l'épreuve de l'escalade militaire au Moyen-Orient
Les relations entre Téhéran et Moscou ont connu un nouvel élan depuis le début de la guerre en Ukraine, passant d'une relation transactionnelle et asymétrique depuis 1991 à la construction d'un véritable partenariat stratégique. Néanmoins, malgré l’approfondissement des coopérations militaire, spatiale, cyber, policière et nucléaire civile, Moscou se montre réticent à s’engager directement aux côtés de Téhéran contre les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient. Des différences de statut et d’approches freinent ainsi toujours la construction d’une alliance anti-occidentale entre la Russie et l’Iran.
La Russie a-t-elle des alliés ? Chine, Iran, Corée du Nord
Depuis son agression en Ukraine, la Russie développe ses liens avec trois États qui l’accompagnent dans sa contestation de l’ordre occidental. Le partenariat avec la Chine, inégal, est cependant destiné à durer. Avec l’Iran fonctionne une solidarité de sanctionnés. Et la relation avec Pyongyang est essentiellement opportuniste.