Les Peuls Mbororo dans le conflit centrafricain

Face aux évolutions sociales et environnementales, les Peuls Mbororo, une population minoritaire en Centrafrique, jouent un rôle spécial dans le conflit centrafricain.

Dans la profondeur de la savane centrafricaine ont lieu depuis 40 ans des évolutions qui sont passées largement inaperçues et se sont révélées extrêmement déstabilisatrices. L’équilibre entre agriculture et élevage est devenu instable ; la pression humaine sur les ressources naturelles augmente dans le monde rural ; abandonnées par le gouvernement, les communautés ont pris l’habitude de défendre leurs intérêts les armes à la main ; l’administration et sa capacité d’arbitrage entre les intérêts des communautés ont disparu ; et une insécurité omniprésente transforme la brousse en une version africaine du Far West.
Chassés par les groupes anti-balaka en 2013/2014, les Peuls Mbororo, ces éleveurs nomades sont revenus sous la protection de leurs milices et s’efforcent de reprendre le contrôle des zones pastorales qui sont essentielles pour leur bétail et donc pour leur survie. La milicianisation des Mbororo et leur implication dans le banditisme rural sont les symptômes d’un profond désordre social et économique. Actuellement, leur pastoralisme armé entretient le cercle vicieux de la stigmatisation et de la violence et s’exporte avec l’ouverture d’un nouveau front pastoral problématique en République démocratique du Congo. À l’intérieur de la société mbororo, une confrontation inédite entre pouvoir milicien et pouvoir coutumier se développe proportionnellement à l’autonomisation et la consolidation des groupes armés. Le fait que deux mouvements armés peuls se rapprochent et se singularisent actuellement par leur opposition à l’accord de paix signé en 2019 accentue le sentiment anti-peul dans l’opinion publique centrafricaine qui les perçoit au mieux comme des « étrangers intérieurs » et au pire comme des « étrangers absolus » n’ayant pas le droit de résider en Centrafrique.
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