Écosystème des groupes armés en Centrafrique
Depuis 2013, les groupes armés sont les vrais « patrons » de la Centrafrique. L’objet de cette note est de comprendre le déploiement prolifique des groupes armés sur le territoire centrafricain.
Cette prolifération s’explique par l’économie politique du conflit et un espace d’action ou écosystème qui est largement ouvert au lieu d’être réduit ou fermé.
L’écosystème des groupes armés reste fondamentalement ouvert en Centrafrique pour trois raisons principales. Premièrement, dans un espace politique caractérisé par l’extrême pauvreté et l’inversion du contrat social, le « business conflict model » des groupes armés est très attractif, y compris pour les acteurs politiques de Bangui et des communautés en quête de protection et de moyens de survie. Ce « business conflict model » s’auto-entretient dans la mesure où l’insécurité devient une ressource économique. Deuxièmement, alors que la relation entre le gouvernement et les groupes armés est souvent représentée de manière antagonique, elle comporte en réalité des zones de coopération. Troisièmement, les acteurs qui sont censés contenir et lutter contre ce « business conflict model », les puissances étrangères et forces de maintien de la paix, mènent une politique qui l’encourage tacitement ou explicitement (comme certains pays voisins).
Comme la conflictualité centrafricaine est une lutte économique généralisée et de plus en plus communautaire, les revendications des groupes armés sont essentiellement des revendications économiques qui visent la légitimation politique de leur contrôle sur les ressources de certains territoires. Mais au-delà de ces ressources, ils réclament aussi un accès aux ressources de l’État dans le cadre des discussions en cours. Par conséquent, le processus de négociation de paix qui doit débuter à la fin de cette année doit reposer sur un décryptage précis des intérêts économiques des parties en présence à la table des négociations.
Cette note a été rédigée en octobre 2018.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Écosystème des groupes armés en Centrafrique
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesJeunesses et mobilisations en ligne au Mozambique : vers une redéfinition de l’espace public ?
Cette recherche explore la manière dont les jeunesses mozambicaines investissent les espaces numériques pour contourner les canaux traditionnels de participation politique et sociale. À travers une analyse des mobilisations en ligne, notamment sur les réseaux sociaux tels que Facebook, TikTok et WhatsApp, il met en lumière les nouvelles formes d’engagement qui remettent en question le monopole de l’État sur la parole publique et l’agenda politique.
Revendiquer “le peuple” : explosions démographiques de la jeunesse, dirigeants autoritaires affaiblis et politiques “populistes” au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie
Cette étude analyse l’émergence de tendances politiques qualifiées de « populistes » dans trois pays d’Afrique de l’Est : le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Elle s’ancre dans une discussion plus large autour de la notion de « populisme », en interrogeant son usage et sa pertinence dans les contextes africains (et plus spécifiquement est-africains), avant d’examiner les dynamiques propres à trois cas emblématiques : la victoire électorale de William Ruto en 2022 au Kenya et sa rhétorique de la « Hustler Nation » ; l’opposition portée par Bobi Wine face à Yoweri Museveni en Ouganda ; et le style de gouvernement fortement personnalisé de John Magufuli en Tanzanie.
Gabon : un modèle politique issu d’une transition (presque) exemplaire ?
Les 27 septembre et 11 octobre 2025, les citoyens gabonais élisent dans un scrutin à deux tours à la fois les pouvoirs municipaux et les députés de la nouvelle Assemblée nationale. Il s’agit de l’étape presque ultime d’une transition politique qui s’approche de sa fin, un peu plus de deux ans après le coup d’État ayant renversé le régime dynastique plus que trentenaire des Bongo, celui du père, Omar, mort au pouvoir en 2009, puis celui de son fils, Ali, maintenant en exil.
Le Congo-Brazzaville sur tous les fronts. Stratégies d’adaptation diplomatique dans un monde fragmenté
Dirigé par Denis Sassou-Nguesso depuis quatre décennies, le Congo développe une politique étrangère fondée sur le développement d’une stature de « président-médiateur » et sur une stratégie de « marchandage » (bargain) auprès des puissances internationales.