La projection économique des pays du Maghreb sur l'Afrique subsaharienne

Largement interrompues dès les prémisses de la période coloniale, les relations commerciales entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne prennent un nouvel essor avec l’ère des indépendances. Toutefois, la stratégie de projection économique des trois pays du petit Maghreb reste, jusqu’à la fin des années 1990, très fortement marquée par la politique africaine du pays.
Alors que le Maroc déploie, sous l'impulsion d'une volonté politique manifeste, une véritable offensive économique et commerciale progressivement renforcée par l'appareil diplomatique et le secteur privé, l'Algérie s'est attachée à développer, outre les flux commerciaux, une politique économique africaine fondée sur deux axes majeurs, l'énergie et les infrastructures, en conformité avec les lignes directrices du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (New Partnership for Africa's Development, NEPAD) dont elle est membre fondateur. Soucieuse de consolider les acquis de sa présidence de l'Organisation de l’unité africaine (OUA) de 1994-1995 en termes d'engagements institutionnels vis-à-vis des partenaires africains, la Tunisie s'emploie de plus en plus à combler l’écart entre le discours et l'effectivité de sa présence dans les économies africaines. Qualifiée de pays le plus compétitif économiquement sur le continent, elle peine encore à faire transférer cette image dans son partenariat Sud-Sud.
La projection accrue des économies maghrébines sur leur voisinage subsaharien reste néanmoins empreinte de rivalités. La question saharienne et la concurrence avec l’Algérie sont déterminantes dans les efforts de séduction de l’Afrique que réalise le Maroc. La Tunisie, qui, à l’instar du Maroc, mène une stratégie fondée sur des investissements dans le secteur des services, entre en concurrence frontale avec ce dernier. Enfin, l’Algérie s’oppose à la Libye sur le marché des hydrocarbures. L’existence de telles rivalités soulève évidemment la question de l’intégration régionale maghrébine.
Les trois pays ont en effet reproduit avec les organisations supranationales d’Afrique subsaharienne, notamment avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la même approche que celle qu’ils ont développée avec l’Union européenne (UE), à savoir la juxtaposition d’accords bilatéraux. Reste à savoir si de la duplication de ce modus operandi résultera un nouveau manque à gagner pour le Maghreb ou, au contraire, des synergies microéconomiques entre les acteurs des trois pays
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